Dakar va émettre son premier emprunt obligataire à la BRVM

Dakar veut lever 20 milliards de F CFA pour la construction du nouveau centre commercial Félix Eboué dans la commune du Plateau. C’est le premier emprunt obligataire lancé par une communauté territoriale dans la zone Uemoa. Il a été noté « A/A1 » par l’agence Bloomfield Investment.

La ville de Dakar est la première collectivité territoriale à se faire noter et à émettre un emprunt obligataire en Afrique occidentale francophone. © Mostroneddo/Flickr

La ville de Dakar est la première collectivité territoriale à se faire noter et à émettre un emprunt obligataire en Afrique occidentale francophone. © Mostroneddo/Flickr

Publié le 27 janvier 2015 Lecture : 3 minutes.

La ville de Dakar a démarré la tournée régionale de présentation de son premier emprunt obligataire aux investisseurs ouest-africains. Cette levée de fonds qui vise à mobiliser 20 milliards de F CFA (30,4 millions d’euros) est une première pour une collectivité territoriale dans la zone Uemoa. L’opération, confiée à CGF Bourse, devrait être lancée début février. L’emprunt consiste en l’émission de 2 000 000 de titres d’une valeur nominale de 10 000 F CFA, avec un taux d’intérêt annuel de 6,6 %, portant une maturité de 7 ans, avec 2 ans de grâce sur le remboursement du capital.

Centre commercial

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Ces ressources seront consacrées à la réalisation du centre commercial Félix Éboué sur « l’îlot Petersen » dans la commune du Plateau, en plein centre-ville de Dakar. Cet édifice de six niveaux renfermera 4241 « cantines » d’une surface variant de 3 à 12 mètres-carrés et présentera 352 places de parking ainsi que des boxes de stockage. Son coût total est de 20,975 milliards de F CFA.

Selon le planning arrêté par les autorités municipales, sa construction devrait s’étaler sur 18 mois à compter de janvier 2015, pour un démarrage fin 2016-début 2017.

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Dans une note publiée aujourd’hui, l’agence de notation Bloomfield Investment – qui avait réalisé en octobre 2013 la première évaluation privée de la qualité de crédit de la ville de Dakar – a attribué les notes « A » et « A1 » à cette émission obligataire respectivement à long et à court terme, avec des perspectives « stables ».

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La note attribuée à cet emprunt est supérieure de deux crans à celle attribuée à la ville de Dakar (« BBB+ »). Elle signale un risque de crédit « faible » et traduit selon l’agence basée à Abidjan une « certitude de remboursement en temps opportun très élevée » à court terme et une qualité de crédit « élevée ».

Modèle de gestion

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Dans son rapport d’évaluation, Bloomfield insiste sur le caractère « opportun » du centre commercial Félix Éboué et salue le « bon modèle » de gestion envisagé – elle a été concédée en décembre 2014 à la Société de Patrimoine immobilier de la Ville de Dakar, une structure de droit privé, détenue majoritairement par la communauté territoriale.

Pour l’agence dirigée par Stanislas Zézé, la faiblesse du risque lié à cet emprunt tient également aux capacités financières de la capitale du Sénégal (selon ses propres prévisions, elle devrait engranger une épargne nette annuelle de 14,8 milliards de F CFA entre 2014 et 2018) et à la garantie de 50 % du principal accordée par l’agence de coopération américaine USAID.

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Challenges

Bloomfield identifie toutefois plusieurs challenges liés au développement du centre commercial Félix Éboué. Ces derniers, « sans remettre en cause l’utilité du projet », ne manquent pas d’interpeller.

Ainsi, les principaux intervenants dans la mise en œuvre effective du centre commercial (concepteurs et maître d’œuvre notamment) n’ont pas encore été désignés. Plus préoccupant, l’acquisition du terrain sur lequel doit être construit le centre commercial n’a pas encore été finalisée. Une situation « de nature à remettre en cause la réalisation du projet dans un délai de deux ans », rappelle l’agence basée à Abidjan.

Les concepteurs et le maître d’œuvre de ce nouveau centre commercial n’ont pas encore été désignés.

Un tel retard au démarrage aurait des conséquences négatives sur la rentabilité du projet, elle-même déjà mise à mal dans les projections financières établies par la ville de Dakar.

Selon le rapport de Bloomfield, « les écarts entre le cash-flow annuel [du projet du Centre commercial Félix Éboué] et le service de la dette [l’emprunt] se situent entre 695 millions de F CFA (la 1ère année d’activité) et 1,6 milliards de F CFA ». Un écart qui pèse sur la capacité financière de la ville de Dakar.

Enfin, les prévisions financières de ce projet reposent sur un taux d’occupation de 100 % des 44 000 mètres-carrés d’espaces commerciaux du centre Félix Éboué. Une hypothèse jugée « trop optimiste », d’autant plus que « le taux d’occupation moyen des étages pour les centres commerciaux de Dakar est de 37 % »…

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