Nigeria : sept juges arrêtés et 800 000 dollars saisis dans une opération anticorruption

Lors d’une série d’opérations anticorruption visant des magistrats de haut rang, menées samedi par le très secret Département des services d’État (DSS), des juges ont été arrêtés et des centaines de milliers de dollars saisis.

Muhammadu Buhari au siège des Nations unies, le 20 septembre 2016. © Jewel Samad/AFP

Muhammadu Buhari au siège des Nations unies, le 20 septembre 2016. © Jewel Samad/AFP

Publié le 10 octobre 2016 Lecture : 2 minutes.

« Sept juges ont été arrêtés samedi [9 cotobre] et l’enquête porte sur un total de 15 juges soupçonnés d’avoir touché des pots-de-vin », selon une source proche des services de sécurité.

Dans un communiqué, les autorités fédérales ont indiqué avoir saisi 800 000 dollars [soit 715 000 euros] lors de descentes aux domiciles de magistrats à travers tout le pays, basées sur « des allégations de corruption et de fautes professionnelles » de la part de certains juges.

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« Les fouilles ont permis de découvrir une fortune en liquide, en devises multiples, locales et internationales, ainsi que des biens immobiliers d’une valeur de plusieurs millions de nairas et des documents compromettants pour ces juges », a indiqué le Département des services d’État.

Les raids du DSS rappellent la Gestapo, selon les avocats nigérians

Mais ces opérations menées par cette police secrète du Nigeria ont été sévèrement condamnées dimanche par le barreau et des militants des droits de l’homme.  « Je tiens à souligner que nous ne sommes pas dans un régime militaire », a protesté Abubakar Mahmoud, le représentant du corps des avocats nigérians, lors d’une conférence de presse, dénonçant des raids « dont le style rappelle la Gestapo ».

« Nous sommes sérieusement préoccupés par la vague d’arrestations, d’intimidation et de harcèlement des juges à travers tout le pays par la DSS », a déclaré de son côté Adetokunbo Mumuni, qui dirige une organisation en faveur des droits socio-économiques et de l’obligation de transparence.

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« Si nous soutenons les efforts du gouvernement pour éradiquer la corruption judiciaire, nous ne pouvons pas accepter des stratégies anticorruption et des méthodes qui sapent clairement l’État de droit, l’autorité, l’intégrité et l’indépendance du pouvoir judiciaire », a-t-il ajouté, appelant le président Buhari à « relâcher les juges immédiatement et sans condition ».

« Buhari reste un démocrate », selon son porte-parole

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Mais Garba Shehu, porte-parole du président nigérian, a défendu dimanche soir ces opérations. « Le président Muhammadu Buhari reste un démocrate, en mots et en actes, et il ne prendra aucune mesure qui viole la Constitution », a-t-il assuré dans un communiqué, affirmant que « la présidence a reçu l’assurance du DSS que tout a été fait dans le cadre de la loi ».

Le président Muhammadu Buhari, élu en 2015, a lancé une vaste campagne anticorruption dans ce pays pétrolier, visant les proches du gouvernement précédent. Mais des critiques l’accusent d’utiliser cette opération pour museler les opposants politiques.

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