Youssef Chahed : « Nous n’avons plus le droit à l’erreur et nous devons sortir la Tunisie du marasme économique »
Sensibilité politique, objectifs gouvernementaux, plan de relance économique, corruption, terrorisme, relations avec la Libye et l’Algérie… Dans une grande interview à lire dans le dernier numéro de Jeune Afrique, Youssef Chahed revient sur son premier mois à la tête du gouvernement et sur les projets et défis qui l’attendent.
Entré en politique après la chute de Ben Ali, puis fondateur du petit parti la Voie du centre, Youssef Chahed a parcouru bien du chemin depuis. Jusqu’à devenir, le 26 août 2016, le plus jeune chef du gouvernement de l’histoire contemporaine de la Tunisie. Attendu au tournant et rapidement plongé dans le bain – avec, entre autres, des affrontements entre forces de l’ordre et terroristes à Kasserine, des inondations un peu partout dans le pays, et des mouvements sociaux à Kerkennah et à Gafsa −, le nouveau chef du gouvernement affirme que consensus ne rimera pas avec immobilisme.
Car son équipe a été prévenue dès le début : « Les ministres [doivent] servir le pays et non leurs partis ou une idéologie. » Mais comment compte-t-il s’y prendre pour redresser la barre ? Et en quoi se différencie-t-il de ses prédécesseurs ?
Si des actions concrètes et des résultats rapides sont attendus, il confie avant tout vouloir réconcilier la population et les gouvernants tout en redonnant confiance aux citoyens via la « restauration de la sécurité, le rétablissement de l’État de droit et l’impulsion d’une économie forte ». Tout un programme, qu’il détaille avec clarté et aplomb, à la veille de sa première visite officielle en Algérie et à deux mois de la conférence internationale des investisseurs.
Vers un avenir plus radieux
Pour insuffler une nouvelle dynamique économique au pays, Youssef Chahed en appelle, dans cet entretien, aux efforts et à la prise de responsabilité de tous, du gouvernement aux entreprises, en passant par les partenaires sociaux et les citoyens. La lutte contre la corruption et la contrebande, dont il explique le développement par une gouvernance « faible ou mauvaise », seront également menées de front.
Dans ses réponses, le chef du gouvernement tunisien se veut à la fois rassurant et ferme, déterminé à « remettre de l’essence dans le moteur » et à changer la donne en matière d’investissement. Ses mots d’ordres : dialogue et stricte application de la loi. Sans oublier la proximité avec les citoyens, que cet homme de terrain n’a cessé de souligner tout au long de l’entretien. « Il suffit d’aller sur le terrain pour que la moitié des problèmes soient résolus », a-t-il d’ailleurs fait remarquer en évoquant l’affaire Petrofac.
Interrogé sur le fait qu’il ait été pressenti pour présider l’instance politique de Nidaa Tounes, et sur ses rapports avec le directeur exécutif du parti, Hafedh Caïd Essebsi, il répond sans tergiversation avant d’aborder une autre des priorités gouvernementales qui permettrait, selon lui, de « consacrer la réussite de la révolution » : la lutte contre le terrorisme. Désireurx de rassurer à la fois les Tunisiens et les interlocuteurs internationaux à travers la mise en place d’une stratégie nationale, il revient sur l’importance des relations entretenues avec les pays voisins que sont la Libye et l’Algérie.
Plus de cinq ans après la révolution, Youssef Chahed voit résolument le verre a moitié plein, concernant les libertés mais aussi sur le plan politique. Un optimisme qui le pousse à croire en un « avenir radieux » pour la Tunisie.
L’interview de Youssef Chahed est à lire dans le numéro 2909 de Jeune Afrique, en kiosque du 9 au 15 octobre 2016 ou à télécharger ici.
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