Mahamadou Issoufou : « Hama Amadou a des problèmes avec la justice de son pays. Pas avec moi »

Le procès des « bébés volés » s’ouvre aujourd’hui à Niamey. Parmi les accusés, Hama Amadou, l’ex-président de l’Assemblée nationale aujourd’hui réfugié en France, qui prétend qu’on veut lui nuire pour d’autres raisons. Le chef de l’État, lui, estime que l’affaire n’a rien de politique.

Le président Mahamadou Issoufou, en 2014. © VIncent Fournier/JA

Le président Mahamadou Issoufou, en 2014. © VIncent Fournier/JA

ProfilAuteur_EliseColette

Publié le 2 janvier 2015 Lecture : 3 minutes.

Au coeur de ce procès, qui marquera certainement les premiers mois de 2015 au Niger, se tient une sombre affaire de bébés volés au Nigeria. La trentaine de personnes jugées à partir du 2 janvier à Niamey devra répondre d’accusations de "supposition d’enfants" (qui revient à s’attribuer la paternité sur un enfant qui n’est pas le sien en-dehors des cadres légaux), d’association de malfaiteurs, de faux et usage de faux.

Plusieurs personnalités importantes ont été interpellées dans le cadre de cette affaire qui touche surtout la bourgeoisie nigérienne. Un certain nombre de femmes sont accusées de s’être rendues à Ore, au Nigeria, et d’en être revenues avec un enfant.

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La plupart des personnes mises en examen comparaîtront finalement libres, mais ce sont deux grands absents qui attirent les feux de la rampe. L’ancien président de l’Assemblée nationale, Hama Amadou, qui a pris la fuite au mois d’août dernier et s’est réfugié en France. Et la Burkinabé Alizeta Ouédraogo, belle-mère de François Compaoré, qui séjourne elle aussi à Paris. Cette dernière est accusée d’être au centre du trafic et d’avoir organisé le voyage des couples stériles au Nigeria pour leur fournir des enfants.

Au-delà du scandale, une affaire politique ?

Au-delà du fait divers, cette affaire dite des "bébés volés" a pris une tournure politique au mois d’août dernier, quand Hama Amadou, ancien proche devenu opposant du chef de l’État Mahamadou Issoufou, a quitté le pays, laissant son épouse incarcérée au Niger et dénonçant une campagne d’acharnement à son égard.

Il avait alors accusé le pouvoir de vouloir l’éliminer politiquement et déclarait le 15 septembre à Jeune Afrique : "Cette affaire a été utilisée comme prétexte pour pouvoir m’arrêter. C’est un dossier politique. Et aucune des procédures légales prévues pour lever l’immunité d’un député, a fortiori celle du président de l’Assemblée nationale, n’a été respectée."

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Convaincu qu’Issoufou serait prêt à l’éliminer, il prétendait alors que le président ou ses proches "auraient fait venir un poison de Libye, dont les effets ne seraient intervenus que quelques mois après son ingestion".

>> Lire : Hama Amadou : "J’ai fui le Niger pour sauver ma peau"

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En attendant, la vacance de poste à la tête de l’Assemblée nationale a été constatée et la formation politique d’Issoufou a fait élire l’ancien opposant Hamidou Salifou au perchoir. Amadou, lui, sera jugé par défaut. Un mandat d’arrêt a été émis contre lui.

"Amadou est arrivé troisième en 2011"

Dans l’interview qu’il a accordée à Jeune Afrique, à la fin décembre, le chef de l’État nigérien, estime qu’il "y a un dossier qui est pendant devant les tribunaux, et le Niger est une démocratie où la séparation des pouvoirs est une réalité. Ce monsieur a des problèmes avec la justice de son pays, pas avec le président de la République ni avec le gouvernement."

À ceux qui l’accusent de vouloir empêcher son principal adversaire de se présenter à la présidentielle en 2016, il répond : "Cela n’a aucun sens. Il est arrivé troisième en 2011 et ce n’est pas lui que j’ai battu au second tour. Il n’est donc pas mon adversaire principal."

>> Lire aussi : Mahamadou Issoufou : "Les Occidentaux ne nous ont pas demandé notre avis avant de renverser Kadhafi"

>> Retrouvez l’intégralité de l’interview de Mahamadou Issoufou dans Jeune Afrique, en kiosque du 28 décembre 2014 au 4 janvier 2015.

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L’opposant nigérien, à Jeune Afrique, le 15 septembre. © VINCENT FOURNIER/J.A.

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