Éthiopie : les entreprises dans le viseur, Dangote dit être intact
De nouvelles violences ont agité le pays suite à la mort d’une cinquantaine de personnes dans la région éthiopienne de l’Oromia. Une dizaine de compagnies étrangères ont vu leurs installations attaquées et endommagées. Parmi elles, une cimenterie appartenant au Nigérian Aliko Dangote qui aurait été vandalisée. « Une rumeur », dit le groupe interrogé par Jeune Afrique ce mardi.
Les troubles politiques qui secouent les régions éthiopiennes de l’Oromia et de l’Amhara depuis près d’un an affectent désormais l’économie du pays. La semaine dernière, plusieurs usines ou plantations, pour certaines détenues par des capitaux étrangers, ont été attaquées et parfois pillées et détruites.
Le 2 octobre, à Bishoftu, au sud-est de la capitale Addis-Abeba, 55 personnes sont mortes dans une bousculade meurtrière provoquée par des tirs de gaz lacrymogène de la police au cours d’un festival religieux. Il n’en fallait pas plus pour provoquer à nouveau des heurts dans cette région du sud du pays où l’ethnie oromo, majoritaire, s’oppose au gouvernement central d’Addis-Abeba sur la confiscation de terres.
Depuis, le gouvernement éthiopien a déclaré l’état d’urgence, le 9 octobre, mais entre-temps, des investisseurs étrangers ont été pris pour cible. Une cimenterie appartenant au Nigérian Aliko Dangote, l’homme le plus riche d’Afrique, a ainsi été vandalisée, rapporte le quotidien The Vanguard, basé à Lagos. La direction du groupe dément pourtant. « Notre usine est en bon état et je ne sais pas d’où vient cette rumeur », déclare ainsi un porte-parole de Dangote Group à Jeune Afrique mardi 11 septembre.
Retrait
D’après Fana, une radio éthiopienne présentée comme proche du pouvoir, 11 sociétés différentes, présentes dans un nombre très différent de domaines, depuis le textile jusqu’aux usines de plastique ou de traitement des fleurs, ont été touchées par les mouvements de protestation. Sur son site web, Fana a publié des photos de tracteurs calcinés, rendant « les auteurs de la violence [qui secoue le pays] » responsables de ce geste.
De son côté, l’agence Reuters rapporte que trois cents hectares de plantations détenus par le néerlandais FV SelQt, qui produit des fruits et légumes issus du commerce équitable, ont été pillés, ainsi qu’un entrepôt. Africa Juice, un fabricant de jus de fruits tropicaux également néerlandais, a déclaré quant à lui que son usine éthiopienne avait été en partie détruite.
Le directeur de Saygin Drima, une compagnie textile turque, a déclaré à Reuters qu’au moins un tiers d’une de ses usines était parti en fumée. Une autre société turque, BMET, spécialisée dans la fabrication de câbles électriques et de fibres optiques, a vu ses installations de l’Oromia endommagées.
Selon The Vanguard, trois autres compagnies spécialisées dans le commerce de fleurs, l’italien Alfano Fiori, l’indien Fontana Flowers et le néerlandais Esmeralda Farms ont vu leurs installations en partie détruites dans la région septentrionale de l’Amhara. Esmeralda Farms a d’ailleurs annoncé qu’elle se retirait d’Éthiopie, considérée jusqu’ici par les investisseurs comme l’un des pays les plus stables et les plus sûrs du continent.
Inquiétude
Le secteur du tourisme en Éthiopie, encore embryonnaire, est également touché. Le 5 octobre dernier, des manifestants ont ainsi incendié le Bushangari Lodge, un complexe hôtelier situé sur les rives du lac Langano, à 250 kilomètres au sud d’Addis-Abeba, la capitale. Selon un professionnel du secteur interrogé par Reuters, le taux d’annulation atteint les 90% au cours des trois derniers mois.
Les habitants de l’Oromia accusent le gouvernement de saisir leurs terres pour les revendre à des compagnies étrangères à des tarifs prohibitifs. Ils se plaignent aussi de leurs difficultés à trouver un emploi. « La plupart des sociétés donnent la priorité à des employés originaires d’autres régions par peur que les populations locales n’entrent en grève », raconte l’un d’entre eux à l’agence Reuters.
L’inquiétude des investisseurs est de plus en plus palpable. Certains d’entre eux commencent à réclamer des clauses dans leur contrat, demandant au gouvernement d’assumer la responsabilité si leurs installations sont endommagées, rapporte l’AFP.
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