Bertrand de la Borde : « Le Groupe Banque mondiale va proposer un kit pour soutenir l’énergie solaire en Afrique »
« Scaling up solar » : c’est le nom du programme que présentera le Groupe de la Banque Mondiale le 28 janvier. Un ensemble de services et d’aides pour doper le développement du solaire en Afrique. Explications du directeur Infrastructures Afrique de l’IFC.
Le Groupe Banque mondiale va présenter le 28 janvier à Washington le programme « scaling up solar » pour soutenir l’énergie solaire en Afrique, où malgré l’intérêt des investisseurs de nombreux projets, mal ficelés, sont abandonnés. Une initiative que dévoile en avant-première à Jeune Afrique Bertrand de la Borde, directeur du département Infrastructures Afrique de la Société financière internationale (IFC, Groupe Banque mondiale), basé à Dakar.
Propos recueillis par Marion Douet, à Dakar
Jeune Afrique : De quel constat est née l’initiative en faveur de l’énergie solaire que vous lancerez officiellement le 28 janvier ?
Bertrand de la Borde : L’idée a germé ici à Dakar, au sein de notre équipe chargée des nouveaux projets, dirigée par Yasser Charafi. Le premier constat, c’est que dans un certain nombre des pays où nous travaillons, le solaire peut désormais être compétitif. C’est particulièrement vrai dans les pays sahéliens, où l’électricité est majoritairement produite à partir de produits pétroliers comme le fioul, donc très chère. Avec ces technologies, le prix du kilowattheure est en moyenne supérieur à 20 centimes de dollars : il peut être inférieur en solaire, avec un appel d’offres bien mené. Notre deuxième constat, justement, c’est que sans des appels d’offres solides nous n’arriverons pas à faire émerger cette énergie au meilleur coût.
En matière de solidité des appels d’offres, l’Afrique du sud est un modèle.
En la matière, l’Afrique du sud est un modèle. Non seulement ils ont installé beaucoup de capacité en peu de temps mais ils sont parvenus au ‘Graal’, c’est à dire parvenir à une standardisation des procédures, à une documentation équilibrée et crédible et à réaliser des économies d’échelle.
Pourquoi avoir choisi de se concentrer uniquement sur le solaire, plutôt que d’intégrer d’autres énergies renouvelables comme l’éolien ?
Dans les pays du Sahel, ainsi que dans certains pays d’Afrique de l’Est comme la Tanzanie, le Malawi ou Djibouti, le solaire a toute sa place. C’est souvent la ressource énergétique la plus abondante, tandis que le déficit de production est très élevé, sans parler du coût, que nous avons déjà abordé. De plus, le solaire est une technologie qui se construit très vite et qui, même si elle est intermittente, est plus facile à intégrer dans le réseau électrique que l’éolien car plus prévisible.
Notre intérêt, c’est que des capacités solaires soient installées vite, en deux ans maximum.
Quelle offre allez-vous apporter concrètement aux Etats et aux investisseurs ?
La philosophie générale c’est d’aider à garantir une procédure rapide et qui aboutisse au meilleur prix, tout en offrant une garantie aux investisseurs privés. Il s’agit donc d’un « kit » clé en main qui propose tout d’abord aux autorités le support technique préalable (identification des sites, études de faisabilité, cadre juridique), la rédaction de contrats, l’accompagnement dans les procédures d’appels d’offres. Ensuite, nous travaillerons avec la Banque mondiale pour apporter des solutions de garantie partielle sur la solvabilité de l’acheteur, souvent des sociétés nationales d’électricité. Enfin, côté investisseur, nous proposerons des options de financement [en dette, NDLR].
Vous n’allez pas chercher à investir en fonds propres dans ces projets… Quel est l’intérêt de IFC dans ce programme ?
C’est d’abord de faire en sorte que, dans les pays où nous travaillons, des capacités solaires soient installées vite, en deux ans maximum à partir du lancement du processus : nous sommes en plein dans notre mission de développement. Ensuite, cela nous permet de mettre à profit nos différents savoir-faire dans un service qui sera rémunéré, raisonnablement et principalement par le développeur qui remportera l’appel d’offres, à travers une ‘commission de succès’.
Vous êtes vous fixé des objectifs chiffrés ?
Pas vraiment. Le but est d’arriver à faire des projets de 25 MW à environ 200 MW dans cinq pays au cours des trois prochaines années. Et nous pensons que cela peut fonctionner : des discussions préliminaires sont engagées avec certains pays.
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