L’internet des objets au secours de la nature

Dégradation des habitats, braconnage, trafics, espèces envahissantes… C’est le lot commun de bon nombre de parcs d’Afrique ; maux exacerbés par la croissance de la population, la persistance de la pauvreté, l’éternelle dépendance envers les ressources naturelles, l’insécurité, la mauvaise gouvernance, les changements climatiques, et bien d’autres facteurs encore. Les solutions mises en place pour y faire face se sont montrées efficaces parfois, mais, globalement, la situation reste délicate.

Grâce à l’internet des objets, les éleveurs peuvent être prévenus lorsqu’un lion s’approche trop près de leur troupeau (image d’illustration). © Pixabay

Grâce à l’internet des objets, les éleveurs peuvent être prévenus lorsqu’un lion s’approche trop près de leur troupeau (image d’illustration). © Pixabay

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  • Geoffroy Mauvais

    Geoffroy Mauvais est vétérinaire, en charge du programme Aires protégées d’Afrique & conservation de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) – www.papaco.org

Publié le 12 octobre 2016 Lecture : 2 minutes.

Ce constat appelle à réfléchir à de nouvelles approches, capables de faire progresser rapidement la gestion et la gouvernance de ces territoires. L’internet des objets est l’une d’entre elles.

L’internet des objets (Internet of things en anglais) décrit la capacité des « objets » à transférer des données entre eux, sans interaction humaine. Un « objet » peut être un garde équipé d’une puce transmettant sa position au cours d’une patrouille, un animal portant un implant pour suivre sa migration, un capteur sonore détectant les coups de fusil et transmettant une alerte, un drone effectuant automatiquement des trajets journaliers pour compter les animaux et tout autre élément, naturel ou construit par l’homme, en mesure de partager les données qu’il recueille via un réseau.

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L’internet des objets n’est pas un nouveau concept mais les opportunités qu’il offre ont récemment explosé sous l’effet de la banalisation des technologies sans fils, des systèmes électromécaniques miniatures, et de l’accessibilité à internet. Ces opportunités sont réelles et offrent des possibilités concrètes d’améliorer la gestion des réserves naturelles.

Des besoins variés, des réponses adaptées

Une étude récemment conduite dans le parc de la Pendjari, au Bénin, permet par exemple d’identifier différents domaines dans lesquels ces technologies se révèleraient très utiles. Le parc souffre d’un manque de moyens de communication : il existe pourtant des solutions techniques simples et abordables qui permettraient à la voix et aux données de circuler facilement. Cela améliorerait immédiatement la sécurité du personnel et des visiteurs et permettrait de déployer des objets connectés.

Le suivi écologique est encore laborieux et produit des résultats encore insuffisants. Des drones automatisés, des caméras-pièges, des capteurs acoustiques connectés sont en mesure de démultiplier à moindre coût les efforts de suivi, libérant les gardes pour d’autres activités.

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Ces mêmes systèmes permettront de guider les patrouilles vers les pressions réellement détectées, abandonnant les recherches aléatoires. La collaboration entre le personnel du parc, les ONG, les communautés peut être améliorée par une plate-forme communautaire de type cloud et ainsi créer les conditions d’une coopération transparente. Les conflits avec les animaux peuvent être prévenus grâce à des détecteurs intelligemment configurés. On peut multiplier les exemples à l’envi.

Réalité ou science-fiction ?

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Les lions de Masaï Mara, équipés de colliers, informent les éleveurs par sms lorsqu’ils approchent trop près de leurs troupeaux, leur donnant le temps de rentrer le bétail. Des arbres d’Amazonie portant une puce dans le tronc, appellent le service de la protection forestière quand ils sont coupés et donc entrent en mouvement. Des rhinocéros portent un collier qui témoigne non seulement de leur localisation, mais aussi de leur rythme cardiaque, ce qui permet de détecter, à distance et en temps réel, tout changement en cas de braconnage.

Ce sont là quelques exemples de ce que la technologie fait déjà pour optimiser la protection des espèces. Mais il reste à organiser tout cela, à déployer à grande échelle des solutions utilisables par tous, à coordonner les expériences isolées pour que les techniques proposées deviennent simples, économiques, comme la plupart des applications de nos smartphones aujourd’hui. Bref, passer de l’internet des objets à celui de la conservation.

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