Récession au Nigeria : les banques sous pression
Dans une économie nigériane entrée en récession, les grandes banques sont toutes affectées par la faible croissance, selon une note la banque émiratie Arqaam.
Conséquence de la récession qui secoue le pays depuis plusieurs mois, le secteur bancaire nigérian traverse une « véritable crise » selon Arqaam. Dans une note transmise cette semaine à l’agence Bloomberg et publié le 10 octobre, la banque émiratie tire le signal d’alarme sur une situation qu’elle attribue à l’échec des politiques fiscales et monétaires qui ont mené à une contraction du crédit.
Deux banques, Unity et Skye (respectivement 22e et 11e banque d’Afrique de l’Ouest au classement JA 2015), sont au bord de l’insolvabilité, selon Arqaam, tandis que First Bank of Nigeria (FBN, 1e) et Sterling (17e) « ont besoin d’une augmentation de capital », estiment deux experts de cette institution basée à Dubaï, Jaap Meijer et Tarek Sleiman. Leur besoin en capitaux va s’aggraver en raison de la dépréciation du naira, la devise nationale.
« Nos tests réalisés montrent que sept banques nigérianes sont sous-capitalisées » avec un déficit de 3,2 milliards de dollars, poursuivent les deux analystes.
La banque la plus exposée serait FBN, tandis que les autres – Unity, Diamond (9e), Skye, FCMB (14e banque d’Afrique de l’Ouest), Sterling et Fidelity – entreraient en déficit si elles devaient se porter garantes pour tous leurs prêts non-performants. « Notre banque reste forte », a rétorqué un porte-parole de la banque nigériane Diamond. Notre niveau de fonds propres est adéquat et nos prêts non-productifs sont en dessous de la réglementation ».
Inégales face aux défis
De son côté, Moody’s dresse un rapport plus contrasté de la situation. Dans un rapport publié le 10 octobre, l’agence de notation américaine s’est penchée sur le cas de cinq banques, Zenith (3e banque d’Afrique de l’Ouest), Access Bank (8e), United Bank for Africa (7e), First Bank of Nigeria – qui représentent à elles quatre 48% du secteur – et Guaranty Trust (6e). Selon elle, ces banques font face à des défis de financement qui devraient s’accroître au cours des mois à venir, face auxquelles elles ne sont pas forcément égales.
Moody’s estime qu’en raison de la hausse de l’inflation et de la dépréciation du naira, les prêts non-productifs sont appelés à augmenter à 12%, contre seulement 5% en décembre 2015. De son côté, le volume des capitaux en mesure d’absorber les pertes devrait rester stable, avec un taux de croissance des prêts situé autour de 5% sur les 12 à 18 prochains mois.
Fort potentiel
Cependant, l’agence estime aussi que les dépôts en devises étrangères, qui se sont effondrés de 30% depuis 2015, vont se stabiliser d’ici un an et demi. D’ici là, l’impact de la baisse du cours des matières premières aura été digéré par les établissements bancaires.
De plus, en raison de leur taille (entre 9 et 14% du secteur) et de leur interconnexion, les cinq principales banques du pays sont présentées comme « d’importance systémique » par Moody’s. L’agence de notation estime donc que le gouvernement nigérian serait prêt à leur venir en aide en cas de difficultés, comme il l’a d’ailleurs fait par le passé durant la crise financière de 2008.
Moody’s rappelle enfin qu’en dépit de ses difficultés, le potentiel économique du Nigeria reste fort et continue d’attirer les investissements.
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