La Libye au bord d' »une guerre totale » ?
Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en octobre 2011, le pays est livré aux milices rivales sans que les autorités de transition parviennent à rétablir l’ordre ni que la communauté internationale se sente très concernée.
"Une guerre totale". C’est, selon l’ONU, à quoi la situation en Libye pourrait bientôt ressembler si aucune mesure importante n’est prise. Quatre ans après la chute du régime de Mouammar Kadhafi, le pays est en proie aux violences quotidiennes et aux luttes de pouvoir.
Mardi 30 décembre, une voiture piégée a explosé à Toubrouk (dans l’est du pays) devant l’hôtel où siège le Parlement alors que les députés y étaient réunis. Une source médicale à l’hôpital a dit avoir reçu 19 personnes souffrant de légères blessures.
Confusion dans le Nord
Sur le plan politique, la situation est très confuse. Deux gouvernements et des parlements rivaux se disputent l’autorité sur le pays. Les uns sont proches de la puissante coalition des milices "Fajr Libya" et les autres reconnus par la communauté internationale.
C’est en août que "Fajr Libya", formée notamment de milices islamistes, a pris le contrôle de la capitale Tripoli et tente depuis d’étendre son influence. La perte de la capitale a poussé le gouvernement et le Parlement reconnus par la communauté internationale à s’installer à Tobrouk.
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Après avoir fait main basse sur Tripoli, "Fajr Libya" y a installé un gouvernement parallèle alors que le Congrès général national, l’ex-Parlement dominé par les islamistes, a repris du service sous l’impulsion de cette coalition.
Dans ses velléités d’expansion, le groupe avait lancé le 13 décembre un assaut pour prendre le contrôle du terminal d’Al-Sedra défendu farouchement par les forces gouvernementales. Des affrontements sporadiques avaient lieu encore mardi. Sept des 19 réservoirs de pétrole ont été totalement détruits depuis et le "déversement du pétrole en feu menace les 12 autres réservoirs", a précisé un responsable de la compagnie libyenne Al-Waha.
Un vivier jihadiste
Outre les combats à Sedra, des affrontements meurtriers opposent forces pro-gouvernementales et milices islamistes à Benghazi et Derna. La ville côtière de Derna, épicentre et vivier de cette radicalisation depuis le début des années 2000, est devenue une place forte des jihadistes après la chute de Kadhafi. Plusieurs sources font état du retour massif de combattants à Derna, renforcé par l’afflux récent de jihadistes étrangers.
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Aujourd’hui, des drapeaux noirs frappés de la chahada (profession de foi) flottent sur des bâtiments officiels. Le 5 octobre, plusieurs groupes armés se sont réunis pour prêter allégeance au "calife" de l’État islamique (EI), Abou Bakr al-Baghdadi. Et proclamer la naissance de la branche de Barqa (Cyrénaïque) de l’EI. Le 11 novembre, le leader d’Ansar al-Charia à Derna, Abou Soufian Ben Qumu, se ralliait à l’EI de Cyrénaïque.
Zone de non-droit dans le Sud
Autant dire que dans ces conditions, plus personne ne tient le sud du pays et n’est en mesure de contrôler les déplacements. Les craintes dont fait état la France depuis plus de trois mois se concentrent sur le sud-ouest du pays. C’est là que Mokhtar Belmoktar, l’homme le plus recherché de la région, s’est implanté et que la plupart des groupes jihadistes ont trouvé refuge.
Paris pousse pour une intervention militaire et peut compter sur l’appui d’une majorité des pays de la sous-région. Le 19 décembre, le G5 Sahel, qui réunit le Tchad, le Niger, le Mali, la Mauritanie et le Burkina, a lancé un appel aux Nations unies pour qu’une force internationale soit créée.
Problème : certains pays africains et arabes s’opposent encore à toute intervention. C’est notamment le cas de l’Algérie qui craint que les jihadistes qui auront été chassés du Sud libyen ne se réfugient sur son territoire.
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