Uramin : l’ex-directeur financier d’Areva mis en examen
Alain-Pierre Raynaud, l’ancien directeur financier d’Areva, a été mis en examen pour publication de comptes inexacts. Les juges d’instruction enquêtent sur le rachat désastreux par le groupe français de l’entreprise canadienne Uramin, qui exploitait des gisements d’uranium en Namibie, en Afrique du Sud et en Centrafrique. Les dirigeants d’Areva sont soupçonnés d’avoir dissimulé les mauvais résultats et les difficultés de la société en Afrique.
L’ancien directeur financier d’Areva, Alain-Pierre Raynaud, a été mis en examen par les juges d’instruction qui enquêtent sur le rachat désastreux pour le spécialiste du nucléaire de la société minière Uramin en 2007, a-t-on appris mercredi 12 octobre d’une source proche de l’enquête.
Il a été mis en examen pour complicité de présentation et publication de comptes inexacts ainsi que complicité de diffusion de fausses informations, a précisé cette source, confirmant une information de l’hebdomadaire satyrique français le Canard enchaîné.
L’enquête porte sur le rachat en 2007 d’Uramin pour 1,8 milliard d’euros. L’exploitation des gisements d’uranium de l’entreprise canadienne en Namibie, en Afrique du Sud et en Centrafrique s’était avérée beaucoup plus difficile que prévue et l’opération s’était transformée en gouffre financier pour Areva.
Dissimulation
Deux informations judiciaires sont ouvertes depuis 2014. L’une porte sur les conditions d’acquisition d’Uramin, l’autre sur les provisions inscrites par Areva en 2010 et 2011 pour couvrir ses pertes, les années précédentes étant couvertes par la prescription.
C’est dans le cadre de cette seconde enquête qu’Anne Lauvergeon a été mise en examen le 13 mai 2016 pour présentation et publication de comptes inexacts ainsi que diffusion de fausses informations, et placée sous le statut, moins défavorable, de témoin assisté pour abus de pouvoir.
Les magistrats cherchent à savoir si certains responsables d’Areva ont dissimulé la valeur réelle des mines rachetées à Uramin pour retarder au maximum l’inscription de provisions dans les comptes.
Fin 2011, six mois après le départ d’Anne Lauvergeon, le groupe avait fini par annoncer de lourdes pertes et une provision de 1,5 milliard d’euros sur la valeur de la société minière.
Alerte lancée dès 2008
Mais plusieurs courriels internes, dont l’AFP a eu connaissance, montrent que la direction avait été alertée par la division des mines dès 2008 des difficultés d’exploitation des sites d’Afrique du Sud et de Namibie.
« Nous ne disions pas que ces risques n’existaient pas, mais nous demandions à la division des mines des documents étayant ses hypothèses », avait déclaré en avril Alain-Pierre Raynaud devant les enquêteurs de la brigade financière, selon une source proche du dossier
Une ligne de défense partagée par l’ancienne patronne du groupe. « Les messages du département des mines évoquaient des risques non prouvés à 100% et non étayés et l’exploration de certains gisements était loin d’être terminée », avait relevé le 13 mai Anne Lauvergeon.
« Atomic Anne », comme elle était surnommée, avait rejeté une partie de l’échec de l’opération Uramin sur le département des mines. Elle a été confrontée fin septembre à l’ancien responsable de cette division, Sébastien de Montessus.
Entre les pertes liées à Uramin, la catastrophe de Fukushima et les retards dans la construction d’un EPR à Olkiluoto en Finlande, le spécialiste du nucléaire est en pleine restructuration après cinq années consécutives de déficit.
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