RD Congo : 15 ans après, le calvaire des ex-enfants soldats enrôlés de force par Thomas Lubanga

La CPI clôture jeudi ses premières audiences publiques sur d’éventuelles indemnisations destinées aux victimes de crimes de guerre perpétrés en RDC. En attendant, les ex-enfants soldats, forcés il y a une dizaine d’années à combattre dans la milice de Thomas Lubanga, vivent dans la peur des représailles et éprouvent des sentiments suicidaires, selon des ONG.

Deux enfants soldats dans une rue de Bunia, dans le nord-est de la RDC, le 15 mai 2003. © Marco Longari/AFP

Deux enfants soldats dans une rue de Bunia, dans le nord-est de la RDC, le 15 mai 2003. © Marco Longari/AFP

Publié le 13 octobre 2016 Lecture : 2 minutes.

Beaucoup d’anciens soldats de l’Union des patriotes congolais (UPC) sont stigmatisés, pointés du doigt, selon des experts passés témoigner devant la CPI lors des audiences publiques des 12 et 13 octobre devant la CPI. La plupart de ces ex-miliciens, âgés à peine 11 ans lors qu’ils ont été enrôlés, ont servi comme gardes du corps de Thomas Lubanga en 2002 et 2003 en Ituri, dans le nord-est de la RDC.

Près de 15 ans après les faits, ces ex-enfants soldats, filles ou garçons, victimes de crimes contre l’humanité, sont « souvent oubliées et très vulnérables, souffrant leur vie durant des conséquences de leur stigmatisation », a expliqué aux juges James Mehigan, avocat de l’ONG Child Soldiers International.

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« Beaucoup ont songé au suicide »

De retour chez elles, parfois après plusieurs années et souvent avec un enfant issu des viols dont elles ont été victimes, de nombreuses filles qui avaient été forcées, en même temps que les garçons, d’intégrer les rangs de la milice de Thomas Lubanga, sont rejetées par leurs familles et communautés. Jugées indignes du mariage, elles sont condamnées à vivre dans la pauvreté et l’isolement.

Gagnées par un sentiment d’impuissance, « beaucoup ont songé au suicide », a révélé de son côté Brigid Inder, directrice exécutive de Women’s Initiatives for Gender Justice, « et le rejet de la communauté renforce leur sentiment de douleur ».

La plupart d’entre elles souhaitent avant tout « retourner à l’école pour apprendre et gagner à nouveau le respect de leur communauté », a ajouté James Mehigan.

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Peur des représailles

Mais, alors que le responsable de leurs souffrances purge la fin de sa peine dans une prison congolaise et devrait être libéré d’ici 2019, les victimes craignent également des représailles si elles parlent.

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D’autant que Thomas Lubanga n’a jamais « reconnu ses crimes ou exprimé ses excuses », a souligné Brigid Inder, tandis que le très influent UPC reste « une force politique active en Ituri ».

Il existe donc de « grandes inquiétudes concernant la sécurité » des victimes de l’ancien chef de guerre, selon la directrice de Women’s Initiatives. À ses yeux, le gouvernement congolais devrait s’excuser publiquement pour avoir échoué « à protéger les enfants de l’Ituri », cette région riche en or notamment, en proie à des violences qui ont fait quelque 60 000 morts depuis 1999.

La somme d’un million d’euros d’indemnisation jugée « insuffisante »

Un million d’euros ont été alloués au dossier par le Fonds au profit des victimes, qui reçoit des contributions volontaires versées par les gouvernements membres de la CPI, d’organisations internationales et de particuliers.

Cependant, les experts souhaitent que la Cour accorde un montant plus élevé et une durée de cinq ans, temps nécessaire à la mise en place de programmes d’éducation, d’aide psychologique et de centres médicaux spécialisés.

La proposition du Fonds est « manifestement insuffisante », d’après Mme Inder, qui suggère entre 1,5 et 1,8 million d’euros par an durant cinq ans.

Une décision concernant le programme du fonds et le montant total des indemnisations sera rendue à une date ultérieure.

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