Afrique du Sud : Zuma veut interdire la sortie d’un rapport sur la corruption
Le porte-parole de Jacob Zuma a annoncé jeudi que le président sud-africain avait déposé un recours en justice. L’objet de la démarche ? Empêcher la sortie d’un rapport d’enquête de la médiatrice de la République sur l’influence présumée de familles d’affaires sur le chef de l’État.
Dans l’oeil du cyclone depuis plusieurs mois dans le cadre de différentes affaires politico-financières, le président sud-africain Jacob Zuma a encore fait parler de lui. Jeudi, son porte-parole a annoncé que le chef d’État avait déposé un recours en interdiction devant la justice pour empêcher la sortie d’un rapport d’enquête de Thuli Madonsela, la médiatrice de la République, qui devait être dévoilé vendredi 14 octobre.
Ce rapport met en évidence l’influence présumée de plusieurs familles sur les décisions et la politique du chef de l’État sud-africain. « Oui, il y a un recours en interdiction », a affirmé Bongani Ngqulunga, le porte-parole de la présidence. Le 6 octobre dernier, Jacob Zuma avait déjà été interrogé quatre heures durant par la médiatrice de la République sur des affaires de corruption présumée.
Une famille indienne dans le viseur
L’enquête de la médiatrice de la République, Thuli Madonsela, vise particulièrement la famille Gupta, une puissante fratrie d’hommes d’affaires d’origine indienne, soupçonnée d’être intervenue auprès du chef de l’État pour la nomination de ministres ou de dirigeants d’entreprises publiques.
Le président reconnaît être proche des Gupta, dont l’empire s’étend du secteur minier aux médias en passant par l’immobilier et l’ingénierie. Mais il a toujours assuré avoir été le seul à décider de l’attribution des portefeuilles ministériels.
Le recours sollicitant le report de la publication du rapport sera examiné mardi, a indiqué le porte-parole de Thuli Madonsela, Oupa Segwale. D’ici à ce que la justice étudie ce recours, Jacob Zuma bénéficie donc d’un peu de répit.
Le dernier combat de Thuli Madonsela
La médiatrice de la République doit quitter officiellement ses fonctions samedi, après un mandat de sept ans, pendant lequel elle s’est illustrée par sa détermination à combattre le mauvais usage des deniers publics au plus haut sommet de l’État.
Elle a obtenu après une longue bataille juridique de deux ans, que le président Zuma rembourse une partie de l’argent public utilisé pour rénover sa propriété privée pour des travaux considérés comme relevant de son confort personnel. En septembre, Jacob Zuma a ainsi payé 7,8 millions de rands (480.000 euros) au Trésor, après une décision de justice fondée sur un rapport accablant de la médiatrice.
Discrédit plus global pour l’ANC
Elle sera remplacée à son poste par Busisiwe Mkhwebane, une avocate en poste au ministère de la sécurité de l’État qui a d’ores et déjà laissé entendre que les affaires de corruption à la tête de l’État ne seraient pas sa priorité.
Au-delà du seul cas de Jacob Zuma, c’est la classe politique sud-africaine toute entière, et plus particulièrement les cadres de l’ANC, qui sont actuellement menacées par l’émergence d’affaires et de scandales. Le dernier concerné en date n’était autre que le ministre des Finances Pravin Gordhan, poursuivi pour fraude.
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