Nigeria : Aisha Buhari met la pression sur son Président de mari

La Première dame nigériane a déclaré vendredi à la BBC qu’il ne faudrait pas compter sur elle pour soutenir Muhammadu Buhari, son mari, pour une potentielle nouvelle candidature s’il ne faisait pas le ménage au sein du gouvernement actuel.

Aisha Buhari, un nouveau style de Première dame, douce et humble. © AFP

Aisha Buhari, un nouveau style de Première dame, douce et humble. © AFP

Publié le 14 octobre 2016 Lecture : 3 minutes.

Après 27 ans de mariage, y aurait-il de l’eau dans le gaz pour le couple présidentiel nigérian ? À en juger par la sortie d’Aisha Buhari, épouse de Muhammadu Buhari, le chef d’État de la première puissance économique africaine, on serait prêt à le penser. Une chose est sûre, ses déclarations montrent son fort investissement sur la scène politique.

En effet, la Première dame a accordé vendredi une interview à la BBC.Un entretien au cours duquel elle ne mâche pas ses mots puisqu’elle menace ouvertement le chef de l’État de ne pas le soutenir dans une hypothétique prochaine campagne présidentielle : « J’ai décidé en tant qu’épouse que si les choses continuaient ainsi d’ici 2019, je ne l’accompagnerai pas dans sa campagne et je ne demanderai à aucune femme de voter pour lui comme j’ai pu le faire par le passé. Je ne le ferai plus jamais d’ailleurs. »

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Un coup de pression politique motivé par une conviction fortement ancrée chez Aisha Buhari. Pour elle, le gouvernement qui entoure son mari et une partie de la haute administration actuellement aux manettes ont été phagocytés par « quelques personnes » qu’elle juge mal intentionnées.

Toujours selon elle, Muhammadu Buhari aurait partiellement perdu sa mainmise  sur le pouvoir central : « Le Président ne connaît que 45 ou 50% des gens qu’il a nommés. Et je ne les connais pas non plus, bien que je sois sa femme depuis 27 ans. »

Le bilan de son mari contesté

Une attaque à peine voilée de la Première dame contre le népotisme et les guerres d’influences à l’œuvre dans les plus hautes sphères de l’Etat. Une guerre que son mari serait en train de perdre donc, puisqu’elle estime que les nouveaux arrivés au pouvoir ne partagent pas les valeurs de l’APC (Parti du Congrès), le parti présidentiel : « Ces personnes restent chez eux à ne rien faire les bras ballants. Ils s’agitent uniquement pour venir occuper la direction de telle agence ou telle position ministérielle. »

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Aisha Buhari a donc le mérite de la franchise, mais pas de la précision. Lorsqu’elle est interrogée sur ces « personnes » qu’elle vise dans l’entretien, elle botte en touche, répliquant : « Pour savoir de qui je parle, il suffit de regarder la télévision. » Toujours est-il que cette sortie très médiatisée ne plaide pas en la faveur de Muhammadu Buhari, élu en 2015 en partie sur la promesse de lutter contre la corruption endémique qui ronge l’administration du pays, qui peut pourtant se prévaloir de quelques résultats probants.

La politique, un héritage familial

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Durant cette campagne, Aisha Buhari avait par ailleurs déjà joué un rôle important auprès de son mari. Cette esthéticienne a la politique dans le sang, puisque son grand-père, Alhaji Muhammadu Ribadu, n’est autre que le premier ministre de la Défense de l’histoire du Nigeria indépendant.

Depuis qu’elle est devenue Première dame, son mari lui a accordé son « pré carré », la lutte pour la promotion des droits de l’Homme et principalement des droits de la femme, notamment dans la région du nord-est du pays, ravagée par les attaques de Boko Haram.

Aisha Buhari, habituée des médias, remporte ici son premier grand succès d’estime auprès de l’opinion publique. Vilipendée pour avoir serré la main du chef Yorouba ou pour exhiber des montres hors de prix, elle a su s’attirer les sympathies des internautes avec ces déclarations brutes de décoffrage.

Et pour avoir dépoussiéré le rôle de Première dame, comme l’ont fait plusieurs de ses consœurs chacune dans leur style, de Simone Gbagbo à Michelle Obama. De son côté, si l’on en croit l’agence AP, Muhammadu Buhari n’aurait rien trouvé d’autre à répondre qu’un rire embarrassé accompagné de cette répartie : « Sa place est à la cuisine. »

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