Tunisie-UE : la délivrance des visas et la régularisation des migrants en négociation

La Tunisie et la Commission européenne ont entamé mercredi des discussions concernant les visas de courts séjours et la situation des migrants. Leur projet d’accord ne convainc pas la société civile.

L’aéroport international de Tunis-Carthage. © Jorge Franganillo/CC/Flickr

L’aéroport international de Tunis-Carthage. © Jorge Franganillo/CC/Flickr

Publié le 14 octobre 2016 Lecture : 3 minutes.

« La Tunisie pourrait être le premier pays d’Afrique du Nord à bénéficier d’un accord ambitieux de facilitation des visas. En parallèle, la conclusion d’un accord de réadmission contribuera à mieux prévenir le risque d’immigration irrégulière en provenance de la Tunisie, ainsi qu’à gérer ses conséquences », a déclaré mercredi 12 octobre Dimitris Avramopoulos, commissaire chargé de la migration, des affaires intérieures et de la citoyenneté.

Depuis deux jours, des représentants des deux parties sont réunis à Tunis pour discuter de ces deux points, dans le cadre d’un projet de coopération migratoire renforcée entre la Tunisie et l’Union européenne.

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Mais qui exactement serait concerné par ces changements ? Et comment les autorités comptent-elles s’y prendre ? Jeune Afrique fait le point.

« Quelques catégories de personnes »

Concernant les visas de courts séjours, les assouplissements pourraient par exemple porter sur « l’allègement ou l’élimination, au moins pour quelques catégories de personnes, de certaines des obligations prévues par le Code Visa », d’après un communiqué publié par la Commission européenne le 12 octobre.

« Il s’agit d’une étape importante dans la relation entre l’Union Européenne et la Tunisie », indique Dimitris Avramopoulos. « En facilitant la délivrance de visas, les contacts entre les personnes de même que les liens économiques, culturels, scientifiques se trouveront renforcés ».

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Une résolution du Parlement européen sur « les relations de l’Union avec la Tunisie dans le contexte régional actuel », datée du 14 septembre, apporte plus de précisions sur ces catégories de personnes. Elle recommande en effet aux États membres de témoigner « de leur solidarité avec la Tunisie en facilitant la délivrance de visas aux entrepreneurs, aux étudiants, aux étudiants, aux chercheurs, etc. ».

Cette même résolution soulignait également que « la délivrance de visas de long séjour à entrées multiples, plutôt que de visas de court séjour, constitue le meilleur moyen de réduire la migration irrégulière, y compris le trafic de migrants et la traite d’êtres humains ». Encore faut-il en convaincre les États membres de l’UE.

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Quant à la réadmission des migrants, dont les contours restent encore plutôt flous, elle signifierait « le retour des personnes en séjour irrégulier dans leur pays d’origine ou de transit, en respectant pleinement les droits de l’homme et les libertés fondamentales », a précisé Natasha Bertaud, porte-parole de la Commission européenne, contactée par Jeune Afrique. Un point plus controversé qui a fait réagir des ONG tunisiennes.

« Aucune avancée notable pour les Tunisiens »

À l’annonce du début des négociations, un groupe de 20 organisations a publié mercredi une lettre ouverte sur les réseaux sociaux appelant à « une politique migratoire mutuellement profitable et respectueuse des droits humains. » Parmi les signataires, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH), l’Association des étudiants et stagiaires africains en Tunisie, ou encore le Forum tunisien des droits économiques et sociaux.

Tous dénoncent leur « forte opposition à toute tentative visant à conditionner la liberté de circulation des individus à la signature d’accords de réadmission » et regrettent que le projet d’accord visant à faciliter la délivrance de visas « ne présente aucune avancée notable dans l’accès aux visas pour les Tunisien(ne)s, autre que les profils hautement qualifiés qui en bénéficient déjà ».

Le lancement des négociations concernant ces deux accords fait partie des objectifs fixés par l’Union européenne et la Tunisie à la signature d’un partenariat de mobilité en mars 2014. Dix pays européens avaient adhéré à ce partenariat : la Belgique, le Danemark, l’Allemagne, l’Espagne, la France, l’Italie, la Pologne, le Portugal, la Suède et le Royaume-Uni.

En 2015, 155 000 visas de court séjour ont été délivrés par les consulats des États membre de l’espace Schengen en Tunisie, rappelle la Commission européenne. Selon les données d’Eurostat concernant les permis de séjour, le nombre de citoyens tunisiens résidant légalement dans l’UE était de 370 000 à la fin de 2015, les principaux pays de résidence étant la France, l’Italie et l’Allemagne.

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