Cameroun : l’armée engage pour la première fois son aviation contre Boko Haram
L’armée camerounaise a engagé pour la première fois dimanche son aviation pour bombarder des combattants du groupe islamiste nigérian Boko Haram qui avaient pris un camp militaire dans la région de l’Extrême-Nord, frontalière du Nigeria.
Cette nouvelle escarmouche entre l’armée camerounaise et Boko Haram marque peut-être un tournant dans l’engagement de Yaoundé contre les islamistes nigérians.
L’attaque de Boko Karam
"Tôt ce matin du 28 décembre, une escouade (d’islamistes de Boko Haram) d’un millier environ a donné l’assaut sur le camp d’Assighasia tenu par des forces de défenses camerounaises qui ont dû reculer après avoir tenté de défendre leur position", explique un communiqué publié dimanche en fin de journée par le ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary.
Le drapeau de Boko Haram va alors flotter pendant près de quatre heures sur le camp.
La riposte de l’armee
"Sur très hautes instructions du président de la République (Paul Biya) l’aviation de chasse camerounaise est entrée en action pour la première fois depuis le début de ce conflit. Après deux passages et un feu nourri de ses vecteurs de combats, les assaillants ont déguerpi du camp d’Assighasia en territoire camerounais, perdant plusieurs combattants", ajoute le communiqué.
Lire aussi : Une centaine de personnes liées à Boko Haram arrêtées dans le Nord
Selon le texte, les opérations de sécurisation du secteur concerné sont en cours et "le bilan des combats sera communiqué dès que l’évaluation opérationnelle sera achevée". Le communiqué ajoute que "l’entrée en action de notre aviation dans ce conflit constitue une nouvelle gradation de la riposte camerounaise face à la multiplication (…) des attaques ennemies venues du groupe terroriste Boko Haram".
Une région explosive
Les islamistes sont de plus en plus actifs dans cette région du Cameroun, ou ils mènent régulièrement des incursions. Ce fut notamment le cas le 15 octobre. Ce jour-là, après avoir pris le contrôle du village, des éléments de Boko Haram fonce sur le camp. Une 504 bourrée d’explosif explose d’abord avant qu’un char blindé n’ouvre le feu. Les combats durent des heures. Ils sont très violents, les jihadistes disposant d’un arsenal digne d’une armée régulière (trois chars, des mitrailleuses 14.5 et une infanterie composée de centaines d’hommes).
Bilan : huit morts dans les rangs de l’armée, au moins 107 chez l’ennemi et une trentaine de civils abattus.
Engagement de Yaoundé
"L’entrée en action de notre aviation dans ce conflit constitue une nouvelle gradation de la riposte camerounaise face à la multiplication (…) des attaques ennemies venues du groupe terroriste Boko Haram", se félicite l’armée.
>> Pour aller plus loin : La drôle de guerre du Cameroun contre Boko Haram
Après avoir été accusées de sous-estimer la menace, les autorités ont semble-t-il pris les choses en main. Des renforts en hommes (7 000 soldats ont été recrutés) et en blindés ont été envoyés dans l’Extrême-Nord où une nouvelle région militaire interarmées (la quatrième) a vu le jour. Deux opérations : Alpha (pour les forces spéciales) et Émergence (pour les forces régulières) y sont simultanément menées.
Une nouvelle loi antiterroriste très controversée a également été adoptée par le Parlement camerounais. Elle permet notamment à un tribunal militaire d’imposer à un journaliste de divulguer ses sources. Une loi qui inquiète l’opposition et la société civile.
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