Maroc : devant le Parlement, Mohammed VI appelle à une réforme de l’administration
Sur un ton sévère, Mohammed VI a appelé vendredi les nouveaux députés et les fonctionnaires du royaume à assumer leurs devoirs envers les Marocains. « Sans citoyen, point d’administration », a-t-il martelé.
Pour la rentrée du nouveau Parlement marocain, marquée par le maintien du PJD au pouvoir, Mohammed VI a entièrement consacré son allocution à la réforme de l’administration. Un thème qui revient régulièrement dans ses discours depuis son accès au trône en 1999, sans grande avancée jusqu’à présent.
« L’objectif qui doit être recherché par toutes les institutions, c’est d’être au service du citoyen », a déclaré le roi, vendredi 14 octobre, dans l’enceinte parlementaire.
Corruption, bureaucratie et incompétence
Freinée par une gestion routinière, une corruption endémique et un personnel pléthorique, l’administration marocaine est très souvent épinglée dans les rapports des institutions internationales.
Selon une enquête de l’ONG Transparency Maroc, par exemple, un Marocain sur deux a versé un pot de vin en 2015, essentiellement dans les secteurs de la justice, de la gendarmerie et de la police. Par ailleurs, le pays ne cesse de reculer dans le classement annuel de Transparency international, se classant 88e sur 175 pays dans le dernier rapport de l’ONG, rendu public en janvier 2016.
Le Maroc réalise néanmoins quelques progrès au niveau de l’administration numérique (e-gouvernement). Mais il n’est pas encore parvenu à vaincre les démons de sa bureaucratie, ce qui explique son bilan en demi-teinte dans le rapport Doing Business de 2016. S’il a ainsi su progresser sur certains aspects, comme la facilité de création d’une entreprise ou le raccordement à l’électricité, il a reculé sur les formalités du commerce transfrontalier et l’obtention de prêts bancaires.
Le roi, ultime recours
Face à des fonctionnaires parfois irresponsables, beaucoup de Marocains s’en remettent directement au roi, lui demandant d’intervenir pour résoudre leurs problèmes (courriers, interceptions lors des défilés officiels…). « Si certains ne comprennent pas que des citoyens s’adressent à leur roi pour régler des problèmes et des questions simples, c’est qu’il y a maldonne quelque part », réagit Mohammed VI dans son discours.
Et d’ajouter : « Il est certain qu’ils se trouvent face à des portes fermées, ou parce que l’administration fait preuve de négligence dans les prestations qu’elle leur fournit, ou encore pour se plaindre d’une injustice qu’ils ont subie « .
Expropriations foncières, entraves à l’investissement, abus de pouvoir en tous genre… Que ce soit au Maroc ou dans les consulats à l’étranger, Mohammed VI appelle le personnel des administrations ainsi que les nouveaux parlementaires à mettre le citoyen au centre de leur action. « Sans services rendus au citoyen, point d’administration », conclut-il.
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