La qualité des phosphates marocains dans le viseur de la Tanzanie

Une livraison d’engrais du japonais Toyota Tsusho, produits à partir d’intrants de l’Office chérifien des phosphates (OCP), s’est vu retoquée par les autorités de Dodoma, la capitale tanzanienne. En cause : une teneur trop élevée en cadmium, un métal lourd, potentiellement toxique pour des aliments qui proviennent de cultures fertilisées avec des engrais phosphatés.

Image d’archive :  Industries Chimiques du Senegal à Taiba (M Bao). © Youri Lenquette pour JA

Image d’archive : Industries Chimiques du Senegal à Taiba (M Bao). © Youri Lenquette pour JA

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Publié le 21 octobre 2016 Lecture : 2 minutes.

Selon les sources de Jeune Afrique, les autorités tanzaniennes ont bloqué la semaine dernière, en raison de la présence de teneurs élevées d’un métal lourd (cadmium), la livraison d’une cargaison d’engrais produits par la maison de commerce japonaise Toyota Tsusho au Kenya, à partir d’intrants de l’Office chérifien des phosphates (OCP).

La Tanzanie, qui achète moins de 500 000 tonnes par an d’engrais, a en effet mis en place depuis plusieurs années une réglementation pour limiter le contenu de métaux lourds dans les produits phosphatés importés sur son territoire.

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L’interdiction opposée à Toyota est intervenue alors que Tarik Choho, le directeur exécutif (CEO) d’OCP Africa, et directeur général adjoint d’OCP Group, se trouvait à Dar es Salaam, l’ancienne capitale tanzanienne  en tant qu’intervenant, et sponsor platine, de la conférence Africa Fertilizer Agribusiness 2016, la conférence co-organisée par l’African Fertilizer and Agribusiness Partnership qui promeut un recours croissant aux engrais en faveur d’une révolution verte africaine. Joint, l’OCP précise qu’aucune cargaison du groupe n’a été interdite en Tanzanie.

OCP Africa, domiciliée à Casablanca, a été créé en début d’année pour diriger l’offensive du géant marocain des engrais sur le marché de la distribution en Afrique. L’Office a d’ailleurs récemment ouvert un bureau en Tanzanie.

L’OCP bientôt forcer de purifier ses roches ?

Dans la région, le Kenya, qui consomme plus de 600 000 tonnes par an d’engrais, avait fait voter il y a plusieurs années une législation particulièrement restrictive en matière de teneur de cadmium, qui de fait empêchait les produits marocains, mais aussi sénégalais ou togolais d’accéder au marché local.

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Le seuil a toutefois été abaissé récemment ; ce qui permet ainsi à Toyota, qui a inauguré en août une vaste usine de mélange d’engrais dans le comté d’Uasin Gishu au Kenya, sous le nom de Toyota Tsusho Fetilizer Africa Ltd, d’importer des intrants de l’OCP pour la faire fonctionner. Et d’arroser le marché régional.

Les gouvernements est-africains ne sont pas les seuls à veiller sur la qualité des engrais qu’ils achètent. Le débat fait aussi rage depuis plusieurs mois à l’échelle européenne.

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Bruxelles devrait bientôt légiférer sur les seuils maximaux tolérés de cadmium dans les produits phosphatés importés en zone UE, au dépens, entre autres, de l’offre marocaine. Le groupe OCP pourrait alors devoir investir dans des technologies de purification de sa roche pour mettre à niveau son offre.

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