Affaire Gupta : 430 millions d’euros de virements financiers suspects depuis 2012

En conflit avec le Président Jacob Zuma, le ministre sud-africain des Finances, Pravin Gordhan, a évoqué, dans un compte-rendu de justice rendu public dimanche, la somme de 6,8 milliards de rands (430 millions d’euros) de mouvements de fonds suspects effectués par les frères Gupta, des industriels indiens soupçonnés de trafic d’influence et de corruption, depuis 2012.

Le ministre des Finance sud-africain, pravin Gordhan, le 24 février au Cap © Roger Bosch / AFP

Le ministre des Finance sud-africain, pravin Gordhan, le 24 février au Cap © Roger Bosch / AFP

Publié le 17 octobre 2016 Lecture : 2 minutes.

Nouveau rebondissement dans l’affaire Gupta, du nom de cette richissime famille d’origine indienne soupçonnée de corruption et de trafic d’influence en raison de ses liens avec le Président sud-africain Jacob Zuma.

Selon Reuters, entendu par la justice lors d’une audition dont le compte-rendu a été publié ce dimanche, le ministre des finances Pravin Gordhan a évoqué la somme de 6,8 milliards de rands (430 millions d’euros) de paiements suspects effectués depuis 2012 par les frères Gupta, Atul, Ajay et Rajesh – et dont on ne connaît pas le destinataire.

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Les frères Gupta sont soupçonnés par la justice sud-africaine d’avoir profité de leurs liens avec Jacob Zuma pour influencer la nomination de ministres. Si le Président, à l’instar des frères Gupta, a nié ces accusations, ces derniers ont annoncé en août leur intention de retirer tous leurs actifs financiers d’Afrique du Sud.

Depuis le début de l’année, plusieurs compagnies sud-africaines, dont les quatre plus grosses banques du pays, se sont désengagées de Oakbay Investments, la société d’investissement des frères Gupta, par ailleurs également présents dans les mines, les médias, l’ingénierie ou encore l’informatique. D’après les déclarations de Pravin Gordhan devant la Haute Cour de Pretoria, la direction d’Oakbay « réclamait que j’intervienne au nom du gouvernement auprès des banques pour les faire changer d’avis ».

Preuve en est ces lettres du PDG de Oakbay, Nazzem Howa, qui écrit à Pravin Gordhan en avril dernier : « Au vu de votre relation étroite avec les barons de l’industrie, (…) j’attends avec impatience d’entendre de vos nouvelles sur l’aide que vous pourriez fournir ». Puis, en mai : « Il semblerait que nous n’ayons plus d’autres options que de faire appel à vous pour vous demander votre aide ».

Gordhan dans une position difficile

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La controverse sur la proximité de frères Gupta avec le président sud-africain dure depuis des années. Plusieurs membres du clan Zuma travaillent d’ailleurs pour eux. L’un des fils du président, Duduzane Zuma, dirige la société Sahara Computers appartenant aux Gupta. La troisième épouse du chef de l’État, Bongi Ngema, est également employée par l’empire.

Mais le scandale n’a vraiment éclaté qu’en mars dernier, quand le vice-ministre des finances Mcebisi Jonas, a déclaré qu’un membre de la famille Gupta lui avait proposé le poste de son ancien supérieur, le ministre des Finances Nhlanhla Nene, limogé sans aucune raison officielle en décembre 2015 —un départ qui avait d’ailleurs entraîné une chute vertigineuse du rand, la devise nationale.

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Le témoignage de Pravin Gordhan intervient quant à lui au terme d’une semaine chargée pour le ministre des Finances, officiellement poursuivi pour fraude depuis le 11 octobre dernier. Accusé d’avoir mis en place une unité au sein de ses services chargée d’espionner des personnalités politiques, il estime quant à lui avoir agi en toute légalité.

Déjà ministre des finances de 2009 à 2014, Pravin Gordhan a été rappelé à ce poste en décembre 2015 après que le président Zuma ait limogé successivement ses deux prédécesseurs, Nhlanhla Nene puis David van Rooyen, remercié après seulement quelques jours en poste.

Pravin Gordhan se trouve aujourd’hui dans une position difficile au sein du gouvernement et est régulièrement critiqué par les partisans de Jacob Zuma. Chantre de la lutte contre la corruption, il s’est souvent opposé au Président, mis en cause dans plusieurs scandales financiers sur la gestion des entreprises publiques.

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