L’argent des Africains : Marcel, fonctionnaire en Côte d’Ivoire – 1 033 euros par mois
Marcel* est fonctionnaire en Côte d’Ivoire. Entre projet immobilier, achats vestimentaires et soutien à la famille, il nous ouvre son portefeuille.
*Le prénom a été modifié à la demande de l’intéressé
Marcel fait partie de la classe moyenne ivoirienne, dont le salaire lui permet d’envisager des projets d’investissements sans oublier ses loisirs. Titulaire d’un baccalauréat C (scientifique) et d’une licence en Sciences-Physiques de l’Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan, il aurait toutefois pu vivre une autre vie.
Né à Man, dans l’Ouest, il n’est pas devenu fonctionnaire par vocation. Il a d’abord étudié, grâce à l’argent paternel, pour être médecin ou ingénieur. « Malheureusement, tous mes efforts se sont soldés par des échecs. J’ai alors eu l’idée de passer le concours de l’École nationale d’administration (ENA) en 2008 », explique-t-il. Fonctionnaire depuis le 5 novembre 2011, il aime aujourd’hui se détendre en boîte de nuit avec des amis et jongle entre le soutien qu’il apporte à sa famille et un projet immobilier à Abidjan.
Salaire mensuel : 680 000 francs CFA, soit 1 033 euros
Le salaire de Marcel représente environ 680 000 francs CFA par mois, et a même augmenté ces dernières années à la suite du déblocage des avancements des fonctionnaires.
Marcel n’exerce aucune autre activité rémunératrice. La loi ivoirienne l’interdit en effet aux salariés de la fonction publique.
Logement, retraite, assurance maladie et transport : 346 euros
Le natif de Man occupe aujourd’hui une maison de trois pièces avec sa future épouse. Celle-ci est en outre enceinte de leur premier enfant. Le loyer de ce logement lui coûte 76 euros par mois. Sa facture d’eau s’élève à un peu moins de dix euros tous les trois mois, et sa facture d’électricité oscille entre 45 et 90 euros pour deux mois, selon la saison.
Au total, l’eau et l’électricité lui coûtent donc environ 405 euros par an (34 euros par mois). Il dépense également 184 euros par mois à diviser entre la complémentaire retraite (122 euros) et l’assurance maladie (62 euros). À ceci s’ajoute environ 53 euros de transport.
Projet immobilier : 304 euros
Au-delà de sa maison, il a surtout décidé en 2014 d‘investir dans un projet immobilier à Abidjan. Il finance ainsi la construction d’une maison dans un quartier huppé de la capitale économique ivoirienne.
Coût total de l’acquisition : 30 324 euros avec un apport initial de 20% (6 065 euros), payable sur la durée de construction de trente mois. Soit une mensualité de 203 euros, que Marcel arrondit à 305 euros, « pour éviter un lourd crédit bancaire ». La maison doit être livrée au 31 décembre 2017.
Loisirs : 91 euros
« J’ai souffert lors des premiers prélèvements », explique-t-il au sujet de son projet immobilier, avant d’ajouter : « Pour m’en sortir, j’ai supprimé certaines dépenses dont les sorties régulières en boite ». Il organise cependant toujours des soirées avec ses amis, ses collègues ou sa future épouse, mais avec un budget plafonné de 45 euros par mois.
Il faut ajouter 46 euros pour la télévision, la connexion internet et l’achat de journaux ou de romans, qui ont pour but son perfectionnement en langue française, ce dernier cherchant à passer un concours de la fonction publique l’année prochaine.
Alimentation et habillement : jusqu’à 130 euros
Notre fonctionnaire estime dépenser environ 76 euros par mois pour la nourriture. Soit un peu plus que pour son habillement. « J’aime les habits de marque et de qualité, bien qu’ils soient chers. On a l’impression qu’on dépense plus en achetant ces vêtements mais c’est faux car ils s’usent moins rapidement », raconte-t-il.
Il peut allouer 600 à 760 euros par an pour des costumes et des chaussures de qualité, que sa belle-sœur lui achète parfois en France. Il espère toutefois ne pas avoir à débloquer cette somme trop régulièrement. « J’ai déjà un bon stock, ce qui me permet de passer à autre chose aujourd’hui », estime-t-il.
Soutien à la famille : au moins 65 euros
« J’apporte régulièrement des appuis financiers à mes parents, notamment à mon père, bien qu’il soit encore en fonction », explique-t-il. Tous les trois mois, il donne au minimum 76 euros à son paternel, qui lui a financé ses études. Il finance également sa sœur cadette, étudiante en médecine, à hauteur de 38 euros par mois.
Enfin, il est un soutien important pour sa mère, qui s’est lancée dans l’élevage porcin. Il a réuni un capital de 2 280 euros pour construire la porcherie et lancer son activité. Aujourd’hui, sa mère s’en sort bien et ne le sollicite que peu. Mais il n’oublie pas de lui faire des cadeaux, notamment des vêtements.
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