Wiam Elmharchi, la plus jeune députée marocaine
Elle a 21 ans, elle est élue sous la bannière du PAM et surtout, elle est la fille d’un influent parlementaire de la ville de Ouezzane. Mais ses débuts en politique ne sont pas sans fracas.
Elle est arrivée au Parlement toute de blanc vêtue, écharpe sur la tête comme le veut la tradition marocaine dans pareille circonstance. Elle était accompagnée de son père, parlementaire de son état, qui ne la lâchait pas du regard et guidait ses premiers pas dans l’hémicycle.
Petit poucet deviendra grand
Ce 14 octobre, jour de l’ouverture des travaux du nouveau Parlement marocain, Wiam Elmharchi, 21 ans, avait le trac. « À peine j’ai posé le pieds devant la porte du Parlement, j’ai vu la surprise dans les regards des députés qui se demandaient qui était cette jeune fille qui allait siéger à leur côtés », s’amuse-t-elle.
Wiam est la plus jeune députée du Parlement marocain, probablement la plus jeune du Maroc post-indépendance. Elle vient de détrôner la Pjdiste Itimad Zahidi, qui a accédé à la députation en 2011 à l’âge de 28 ans.
J’ai mené une grande partie de ma campagne électorale toute seule.
Élue sous les couleurs du Parti authenticité et modernité (PAM) dans la ville de Ouezzane dans le nord-est du Maroc, elle a réussi à remporter un des trois sièges qui étaient à pourvoir dans cette circonscription. « J’ai mené une grande partie de ma campagne électorale toute seule. J’ai parcouru les douars, parlé avec les gens sans langue de bois, juste le langage du cœur… », se défend-elle face à ceux qui disent qu’elle a été élue grâce à son père.
Au nom du père, du PAM et de la bonne étoile
Président du conseil provincial de Ouezzane, Larbi Elmharchi, 44 ans, est une personnalité influente de la ville. Il est membre de la deuxième chambre du Parlement depuis 2003, d’abord sous la bannière de l’Istiqlal et ensuite sous celle du PAM dont il est actuellement membre du bureau politique.
À Ouezzane, être la fille de Elmharchi n’est pas rien. L’influence de la famille est telle que la jeune Wiam a été plébiscitée par tous les élus du PAM dans cette circonscription pour défendre les couleurs du parti et lui permettre de gagner son siège à la première chambre.
Ce sont les militants qui l’ont choisie.
« J’aurai pu proposer ma fille dans la liste nationale, loin des batailles locales où on s’étripe pour se faire une place. Mais ce sont les militants du parti qui l’ont choisie parce qu’ils savaient qu’elle était capable de gagner », se défend le père.
À l’issue du scrutin, Wiam rafle 25 000 voix, loin devant le candidat de l’Istiqlal qui en a eu 14 000, et celui de l’USFP. Celle qui rêvait de devenir chef d’entreprise paraît d’ailleurs toujours sous le choc de son élection. « Je ne sais pas comment je vais concilier mes études à HEM [école de management, ndlr] et le planning parlementaire dont on m’a chargée », souffle-t-elle avec la spontanéité de son âge.
Accusée d’instrumentaliser la religion
Mais à peine élue, elle suscite déjà la polémique. Des journaux proches des islamistes du PJD l’accusent d’avoir utilisé un verset coranique dans ses tracts de campagne, dans le but de s’attirer des voix et demandent l’invalidation de son élection.
« Ce sont des manœuvres du candidat PJD qui n’a pas avalé son échec dans ce scrutin », riposte le père de Wiam. Selon lui, le parti islamiste a falsifié les tracts de sa fille en y rajoutant le verset coranique controversé. Il serait même allé, ajoute-il, jusqu’à « voler » le tampon des agents de l’administration locale de la ville pour l’utiliser sur ces tracts et faire croire qu’ils sont officiels.
« Nous avons déposé une plainte auprès de la police et le parquet a été saisi », assure le père. La jeune députée découvre un peu brutalement le monde de la politique. Mais sous l’aile de son père, elle apprendra.
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