CPI : Jean-Pierre Bemba a-t-il acheté des témoins ?
La Cour pénale internationale rend ce mercredi son verdict envers l’ancien vice-Président congolais Jean-Pierre Bemba. Il est accusé de subornation de témoins dans le cadre de son procès pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
La Cour doit déterminer mercredi 19 octobre si Jean-Pierre Bemba, accompagné de ses conseils, est coupable ou non d’avoir versé de l’argent et donné des cadeaux à des témoins ou de leur avoir promis une réinstallation et une sécurité afin qu’ils donnent de faux témoignages.
Selon l’accusation, huit témoins ont admis avoir menti alors que deux d’entre eux ont été payés quelques heures avant d’embarquer à destination de La Haye, où se trouve la CPI.
L’ancien chef militaire, ses avocats Aimé Kilolo et Jean-Jacques Mangenda, ainsi que Fidèle Babala, un député du parti Mouvement de Libération du Congo (MLC), sont notamment accusés d’avoir fabriqué ou présenté à la CPI de faux documents afin d’obtenir l’acquittement du chef de guerre. Un témoin de la défense, Narcisse Arido, est également poursuivi.
Il s’agit du premier procès pour subornation de témoins de l’histoire de la CPI, lancé après que le bureau de la procureur a reçu un renseignement de la part d’une source anonyme.
L’ancien chef militaire avait « beaucoup à perdre » dans ce procès, avait remarqué à la fin du mois de mai Kweku Vanderpuye, membre du bureau de la procureure : « Sa fierté, sa stature, sa réputation, son pouvoir politique, la possibilité d’une victoire lors des élections présidentielles, sa liberté. »
« Il n’y a rien d’illégal à indemniser les témoins »
Pour la défense, Jean-Pierre Bemba n’a fait que « ce que ceux qui se défendent sont en droit de faire », avait affirmé son avocate Melinda Taylor. « Il n’y a rien d’illégal à indemniser les témoins, l’accusation le fait tout le temps. » Les cinq accusés avaient plaidé non coupable.
Reconnu coupable des crimes de guerre et crimes contre l’humanité en vertu du principe de « la responsabilité du commandant », Bemba a été condamné à 18 ans de prison, la peine la plus lourde jamais imposée par cette juridiction, fondée en 2002 pour juger les pires crimes commis à travers le monde. Ce jugement était également le premier de la Cour à avoir mis l’accent sur le recours au viol comme crime de guerre.
Celui qui est surnommé le « Mobutu miniature » a interjeté appel de sa condamnation fin septembre, dénonçant les « vices de forme » de son procès et évoquant notamment l’arrestation de son avocat durant le procès.
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