Start-up de la semaine : les lampes solaires « made in Burkina » qui visent l’Afrique

Lancée par deux ingénieurs français, Lagazel veut produire et commercialiser des lampes solaires au Burkina Faso, et les distribuer jusqu’au Mali et Bénin, avant d’ouvrir d’autres usines au Sénégal et au Cameroun. Cette start-up a investi 100 millions de francs CFA dans son usine de Dédougou à l’ouest de la capitale burkinabè.

Un des modèles produits par Lagazel. © Image de la société utilisée avec son autorisation

Un des modèles produits par Lagazel. © Image de la société utilisée avec son autorisation

Publié le 20 octobre 2016 Lecture : 3 minutes.

Le 13 octobre dernier, Lagazel démarrait en grande pompe ses activités à Dédougou, capitale régionale de la Boucle du Mouhoun, à 270 kilomètres de Ouagadougou, la capitale burkinabè. Le coût de ce projet, le premier de ce type, est estimé à 100 millions de francs CFA (150 000 euros) par ses promoteurs.

Fondée par deux frères ingénieurs, Arnaud et Maxence Chabanne, cette start-up veut produire à l’échelle industrielle et commercialiser des lampes solaires, d’abord au Burkina Faso avant d’étendre son rayon à d’autres pays du continent.

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« En plus d’avoir un projet économiquement viable, Lagazel est aussi un projet social qui permet à notre société familiale de s’investir dans l’économie solidaire », s’enthousiasme Maxence Chabanne. Ingénieur comme son aîné, il est à la tête de l’entreprise familiale, spécialiste de la transformation des métaux.

Lagazel fabriquera dans un premier temps deux modèles de cette lampe, baptisée Kalo, ou « lumière » en Dioula (parlé au Burkina), qui offre une autonomie de 20 heures d’éclairage. L’une des deux lampes permet a fortiori la recharge de téléphone portable.

De Saint-Galmier à Dédougou

Conçues essentiellement avec des composants importés de France (l’entreprise est située à Saint-Galmier, au nord de Saint-Étienne), ces lampes sont écoulées entre 13 000 et 22 000 francs CFA. « Nos produits sont certifiés par le programme Lighting Africa [mis sur pied par la Banque mondiale et sa filiale dédiée au secteur privé, la Société financière internationale] et ciblent en priorité le monde rural qui n’a aucun moyen d’éclairage », souligne Arnaud Chabanne, l’autre frère.

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Il ajoute : « Nos produits permettent de réaliser de grosses économies sur le budget d’éclairage des ménages, entre 25 et 30 % ». D’après lui, la dépense moyenne d’éclairage d’un ménage au Burkina Faso atteint 3 000 francs CFA par mois.

Aventure familiale

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Avec une capacité de production maximale de 10 000 unités mensuelles, qui pourrait être doublée si la demande est au rendez-vous, l’entreprise dispose déjà d’un stock de 8 000 lampes. Et vise pour son premier exercice un chiffre d’affaires de 900 millions de francs CFA.

« Nous avons déjà une grosse commande de 4 500 lampes pour les réfugiés maliens au Burkina Faso et des grossistes locaux », se réjouit Arnaud Chabanne. Si la jeune pousse annonce le lancement d’une campagne commerciale début novembre, elle compte asseoir un réseau de distribution et des points de ventes dans les supermarchés.

L’histoire de Lagazel est aussi une aventure familiale. « Lagazel est une réunion de mon expérience avec CB Énergie au Burkina Faso [fournisseur de panneaux solaires implanté par Arnaud Chabanne à Dédougou depuis 2004, ndlr]  et des compétences techniques et financières du groupe Chabanne dans la Loire », résume-t-il.

Arrivé au Burkina Faso en 2004, Arnaud Chabanne y fonde CB Énergie. L’ingénieur en électricité, spécialisé dans les énergies renouvelables, commence par recycler des lampes à pétrole utilisées par la population locale. La mauvaise qualité de ces produits « made in China » l’interpelle, d’autant plus qu’en 2008, l’entreprise qui travaille dans le solaire intègre le programme Lighting Africa. « Cela nous a permis d’avoir un fonds de 90 000 dollars pour la fabrication de 30 000 lampes », explique-t-il.

Ouverture à l’international

De son côté, le cadet, Maxence Chabanne, qui a repris entre temps les commandes du groupe familial, sent le besoin de se diversifier, surtout à l’international. Avec un chiffre d’affaires de 13 millions d’euros pour 70 employés, le groupe tire seulement 10 % de ses revenus de ses activités hors de France. « Lagazel est un formidable moyen de donner une ampleur internationale à notre société bien implantée en France avec son millier de clients », tient-il à préciser.

Alors que seulement 19 % des quelque 17 millions de Burkinabè ont accès à l’électricité, Lagazel souhaite apporter ses lampes partout en Afrique. La start-up veut offrir une solution de proximité aux familles privées d’électricité. Le défi est d’autant plus grand que sur le continent, près de 650 millions de personnes, soit la moitié des 1,2 milliard d’habitants, n’ont pas accès à l’électricité.

« À partir de notre usine du Burkina Faso, nous allons desservir les pays limitrophes comme le Niger ou le Bénin, déclare Maxence Chabanne. Notre objectif est de toujours fabriquer localement. Cela implique que nous allons installer d’autres ateliers, sur le même modèle que celui de Dédougou ». Une stratégie continentale qui doit amener Lagazel à poser les pieds dès 2017 au Sénégal et au Cameroun.

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