Soudan du Sud : la crise alimentaire s’ajoute aux conséquences de la guerre civile
Dans le nord du pays, relativement épargné par les combats, la sécheresse plonge la région dans une crise alimentaire d’ampleur. À tel point qu’aujourd’hui, 4,8 millions de Soudanais du Sud (40% de la population) ont besoin d’une aide alimentaire, selon le Programme alimentaire mondial (PAM).
Le Soudan du Sud a déjà fort à faire depuis 2013 avec le conflit qui oppose les forces loyalistes du président Salva Kiir aux rebelles acquis à la cause de son ancien vice-président Riek Machar. 50 000 morts et plus de 2 millions de déplacés, tel est le bilan, qui ne cesse de s’alourdir. Mais le nord-ouest du pays, relativement épargné par la guerre civile, doit désormais faire face à un autre fléau : la sécheresse, qui plonge la population locale dans une crise alimentaire de grande ampleur.
Symptôme frappant de cette situation critique : dans la ville d’Aweil, le centre de santé géré par Médecins Sans Frontières (MSF) enregistre chaque semaine quelque 60 nouveaux patients souffrant de malnutrition.
Les étals des marchés restent vides
« Ce n’est pas une disette complète mais il y a vraiment des pénuries. Nous avons parfois de la nourriture à la maison mais il y a des moments où il n’y en a pas du tout », déclare posément Lucia Adeng, maman d’un petit enfant de trois ans, Wek Wol Wek, dont les bras malingres et le souffle court témoignent de la gravité de la situation.
Cette crise alimentaire est due à la sécheresse qui frappe actuellement la région de Bahr el-Ghazal. Les sols arides ne permettent plus aux cultivateurs de faire pousser correctement le sorgho, une céréale qui n’a pourtant besoin que de très peu d’eau.
À la chaleur s’ajoutent des nuées de moucherons qui s’attaquent aux rares cultures sortant de terre. L’une des conséquences visibles de cette situation est le calme plat qui règne sur les marchés, où les rares étals ouverts restent bien vides.
40% de la population en insécurité alimentaire
Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), quelque 4,8 millions de Sud-Soudanais, soit environ 40% de la population, nécessitent une aide alimentaire. Quant à l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), sa structure dédiée à la surveillance de l’insécurité alimentaire alertait le mois dernier sur le fait que des foyers faisaient face à la famine.
Outre la sécheresse, le pays a vu son économie achever de s’effondrer à la suite de la flambée de violences qui a opposé en juillet dans la capitale Djouba les troupes du président Salva Kiir à celles loyales à son ex-vice-président Riek Machar, désormais en exil.
Ces combats ont fait fuir de nombreux opérateurs économiques, notamment des commerçants ougandais et kényans qui étaient au cœur de l’importation de nourriture dans le pays.
Les réfugiés continuent d’affluer
Et l’insécurité sur les principaux axes routiers, notamment vers l’Ouganda, où des chauffeurs de poids-lourds ont été victimes d’embuscades mortelles par des groupes armés, a largement perturbé l’afflux de nourriture et provoqué une hausse vertigineuse de l’inflation. Selon le bureau sud-soudanais des statistiques, les prix de certaines céréales ont explosé de plus de 1 000% depuis juillet dans certains États du pays.
Selon la FAO, plus de 70 000 habitants de la région de Bahr el-Ghazal se sont réfugiés ces derniers mois au Soudan voisin. Un accord de paix entre les camps de Salva Kiir et Riek Machar avait fait naître de timides espoirs en août 2015 mais les combats de juillet ont replongé le pays dans une grande instabilité.
Ces dernières semaines, les grandes villes de Malakal et Leer ont ainsi été le théâtre d’affrontements meurtriers, entraînant le déplacement de dizaines de milliers de personnes et perturbant là aussi les activités des cultivateurs et des éleveurs, laissant craindre une aggravation de la situation humanitaire.
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