Tchad : le Premier ministre sous la menace d’une motion de censure

Vingt-trois députés d’opposition ont déposé ce jeudi une motion de censure contre le gouvernement du Premier Ministre Pahimi Padacké Albert, qui a 72 heures pour s’expliquer sur la crise sociale et économique que traverse le pays.

L’ancien premier ministre tchadien Albert Pahimi Padacké, en février 2008 à Paris lorsqu’il était ministre de la Justice. © MICHAEL SAWYER/AP/SIPA

L’ancien premier ministre tchadien Albert Pahimi Padacké, en février 2008 à Paris lorsqu’il était ministre de la Justice. © MICHAEL SAWYER/AP/SIPA

Madjiasra Nako

Publié le 20 octobre 2016 Lecture : 2 minutes.

La motion, qui nécessite 18 signatures, soit un dixième des membres du Parlement, doit amener le gouvernement à s’expliquer sur sept points, allant des mesures d’austérité prises par celui-ci pour juguler la crise économique aux expéditions militaires à l’extérieur sans l’autorisation du Parlement, en passant par la gestion des revenus pétroliers.

« Les mesures prises par le gouvernement pour gérer la crise économique se sont avérées catastrophiques, au point de remettre en cause la paix sociale et la stabilité du pays ; les effets collatéraux de ces mesures ont un coût social et financier largement supérieur aux économies attendues, sans oublier le déficit évident de véritables mesures pour encadrer l’effusion (sic) des recettes des finances publiques », écrit le député Madtoïngué Benelgar, auteur de la motion.

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Il décrit dans le texte une administration qui a cessé de fonctionner « faute de crédits » et à cause de la « construction d’infrastructures (ayant) donné lieu à des dérapages financiers énormes ».

Manœuvres

C’est mercredi, au cours d’une séance, que l’opposition a annoncé le dépôt d’une motion de censure contre le gouvernement. Et c’est ce jeudi en début d’après-midi que le texte a été remis main à main au président de l’Assemblée nationale, qui doit le notifier au gouvernement.

La manœuvre initiale de l’opposition consistait à tendre un piège au gouvernement à travers une interpellation au cours de laquelle la motion de censure serait annoncée. Ayant flairé le danger, la majorité a fait retirer in extremis du calendrier la séance prévue pour ce jeudi, après une concertation qui s’est tenue mardi soir.

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L’opposition a réagi en attaquant de manière frontale, profitant de l’exposition médiatique de la séance du mercredi 19 octobre pour annoncer la motion de censure.

Partie risquée

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Dès lors, le gouvernement dispose de 72 heures pour répondre et engager sa responsabilité devant le Parlement. Pour beaucoup d’analystes, la partie est risquée pour le chef du gouvernement, bien qu’il soit issu de la majorité. « Les députés sont aussi touchés par les mesures d’austérité. Ils savent aussi que le régime, qui a été fortement secoué lors de la dernière présidentielle, ne prendra pas le risque de dissoudre le Parlement. Et comme le vote de la motion de censure sera obligatoirement à bulletin secret, la partie risque d’être compliquée », indique un analyste.

Le Parlement étant théoriquement favorable au Premier ministre, un vote à main levée aurait été plus rassurant pour ce dernier, les réfractaires étant dans ce cas facilement identifiables. Mais à bulletin secret, les mécontents pourraient prendre plus de libertés…

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