Pétrole : à quoi sert l’Opep ?

Comme à chaque période de doute sur l’évolution du cours des produits pétroliers, la réunion à Alger, fin septembre, de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a permis de s’interroger une nouvelle fois sur l’utilité de cette entité.

Réunion des membres de l’Opep à Vienne  en juin 2016. © Ronald Zak/AP/Sipa

Réunion des membres de l’Opep à Vienne en juin 2016. © Ronald Zak/AP/Sipa

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Publié le 26 octobre 2016 Lecture : 3 minutes.

La Société africaine de raffinage, à Mbao, au Sénégal. © Youri Lenquette pour JA
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Bien doté en pétrole, le continent manque cruellement d’infrastructures pour le traiter, si bien qu’il importe une grande part des produits finis qu’il consomme. Pour mettre fin à cette anomalie, les États doivent investir, car, dans un contexte de prix bas, les majors ne le feront pas.

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L’objectif défini par ses membres lors de sa création a-t-il encore un sens aujourd’hui, alors que l’on voit décroître son influence ? De fait, la part des quatorze pays membres dans la production mondiale diminue sans cesse, par le double effet de la réduction de la production de certains pays en proie à des difficultés (guerre, terrorisme…) et de l’arrivée sur le marché de nouveaux barils à la suite de récentes découvertes.

L’évolution du prix du pétrole répond de moins en moins à une simple logique d’offre et de demande, mais ces fondamentaux restent le critère de fixation des politiques de prix des acteurs. Par peur d’abandonner leurs parts de marché aux nouveaux pays producteurs plus compétitifs, les membres de l’Opep, et notamment les plus influents, ne respectent pas les recommandations émises par l’organisation sur les limitations par pays et les réductions de production. L’Arabie saoudite a ainsi continué de produire à plein régime.

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Sur notre continent, la baisse des prix s’est transformée en défi pour tous les pays fortement dépendants de leur rente pétrolière. Un membre de l’Opep, le Nigeria, a perdu sa première place de producteur africain au profit d’un non-membre, l’Angola ; la Libye peine à retrouver la stabilité nécessaire à la production de son pétrole ; et d’autres pays à la production moindre, comme le Gabon, se retrouvent pris au piège de ce jeu de puissants.

Aujourd’hui, il nous est offert une opportunité de repenser la contribution du pétrole au développement de nos économies. Car bien malin qui pourrait dire dans quelle ère nous entrons ! Celle d’un prix raisonnable du pétrole pour les cinq ou dix ans à venir, dans une fourchette de 40 à 50 dollars ? Ou celle d’un rebond dans les dix-huit prochains mois, qui permettra de franchir la barre symbolique des 60 dollars pour commencer une folle remontée vers les 80-100 dollars ?

Ses membres les plus influents ne respectent pas les recommandations émises par l’organisation

Il y a une donnée qui réduit l’influence des producteurs africains au sein de l’organisation. Ils sont ceux qui auraient le plus besoin d’une hausse des prix à court terme, mais sont aussi ceux qui ont le moins de barils de réserve. C’est aussi le cas de producteurs d’Amérique latine, comme le Venezuela. À l’inverse, l’Iran et l’Arabie saoudite, qui luttent pour préserver leurs parts de marché face aux États-Unis, disposent de barils de réserve en nombre. Cette dichotomie empêche l’organisation de parler d’une seule voix et nuit à son efficacité comme régulateur indirect du prix du baril.

L’objectif de l’Opep de maintenir un prix raisonnable pour la production des barils de ses membres semble donc de plus en plus hors de sa portée et de son contrôle. L’organisation continuera d’exister et servira de soupape, dans un marché influencé par les facteurs extérieurs d’un monde en constante évolution, face à une demande en produits pétroliers soumise à la croissance des pays émergents – ou en voie de l’être – et face au combat des lobbies antipétrole qui poussent au développement d’énergies propres au détriment des énergies fossiles.

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À la suite de la réunion d’Alger, des objectifs de 10,1 millions et 3,7 millions de barils par an ont été définis respectivement pour l’Arabie saoudite et pour l’Iran. Au total, l’ensemble des pays membres produiraient environ 800 000 barils par jour. Mais, au-delà des effets d’annonce, il faudra, pour rétablir une véritable influence de l’Opep, que ses membres respectent strictement leurs engagements et les limitations décidées, afin que leurs effets sur le marché soient crédibles et durables. Pour reprendre une expression d’outre-Atlantique, « actions from Opep countries will speak louder than words »… « Les actions des pays de l’Opep parleront plus fort que leurs mots. »

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