Côte d’Ivoire : deux quotidiens pro-Gbagbo suspendus pour deux semaines
La Voie Originale et Aujourd’hui, deux quotidiens connus pour leurs positions pro-Gbagbo, ont été suspendus ce vendredi pour quinze parutions par le Conseil national de la presse (CNP), alors que s’ouvre samedi la campagne du référendum constitutionnel.
Difficile de nier l’engagement partisan de la presse ivoirienne, habitué des titres parfois tapageurs. Malgré cette culture bien ancrée, La Voie Originale et Aujourd’hui, deux quotidiens réputés fidèles soutiens de Laurent Gbagbo, ont été interdits de parution ce vendredi, et jusqu’au 7 novembre.
Cette décision, prise par le Conseil national de la presse (CNP), intervient à la veille du lancement de la campagne du référendum constitutionnel voulu par le président Alassane Dramane Ouattara.
Un timing opportun ?
Tout sauf un hasard, selon les critiques du chef de l’État ivoirien. Le CNP, lui, justifie sa décision en expliquant que les articles paraissant dans le quotidien Aujourd’hui créent « la confusion dans l’esprit des populations, à travers de fausses informations ».
La Voie Originale est accusée pour sa part d’un méfait plus précis : le journal a qualifié Aboudramane Sangaré, un « frondeur » du Front populaire ivoirien, le titre de « président intérimaire » de ce parti d’opposition.
Or, Aboudramane Sangaré dirige en réalité une aile du FPI, fondé par l’ancien président Laurent Gbagbo, en rupture avec Pascal Affi N’Guessan, résident officiel. Ces deux dirigeants politiques rivaux dans leur parti sont tous deux opposés au projet de nouvelle Constitution et ont appelé au « boycottage du scrutin » .
Jeudi, des membres de cette tendance réunie dans « un front de refus » avec certains dirigeants de l’opposition ont été brièvement interpellés lors d’une manifestation dispersée par la police à Abidjan.
Gbagbo ou pas Gbagbo ?
Deux camps s’opposent au sein du FPI, la principale formation d’opposition, plongée dans une crise profonde depuis 2013.
D’un côté, les « gbagbistes », fidèles de Laurent Gbagbo – jugé par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l’humanité -, qui font de sa libération « le cœur de la stratégie de lutte du parti ». De l’autre, les « affistes » – fidèles de Pascal Affi N’Guessan -, qui a été candidat à la présidentielle de 2015 au grand dam de ses rivaux qui ont boycotté le scrutin.
Selon le président Ouattara, le projet de Constitution permettra d’en finir avec le problème de « l’ivoirité », en clarifiant notamment les conditions d’éligibilité à la présidence de la République.
En outre, il prévoit la création d’un poste de vice-Président, élu en même temps que le Président, et d’un Sénat, dont un tiers des membres sont nommés par le Président. Il prévoit aussi l’institutionnalisation de la chambre des rois et chefs traditionnels et une extension des compétences du Conseil économique et social.
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