Vidéo – RD Congo : quand les stades exhortent Kabila à partir

L’accord politique signé le 18 octobre à Kinshasa implique le maintien de Joseph Kabila au pouvoir jusqu’à avril 2018. Mais les stades ne l’entendent pas de cette oreille. Cela fait plusieurs mois qu’à l’occasion de rencontres sportives, certains supporters rappellent au chef de l’État que son mandat arrive à terme le 19 décembre.

Capture d’écran d’une vidéo YouTube filmée au stade des Martyrs de Kinshasa, septembre 2016. © John image news/Youtube/capture d’écran

Capture d’écran d’une vidéo YouTube filmée au stade des Martyrs de Kinshasa, septembre 2016. © John image news/Youtube/capture d’écran

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Publié le 24 octobre 2016 Lecture : 2 minutes.

Huit claquements de mains, suivi de deux autres et, au même moment, en chœur, une foule qui scande en lingala : « Eloko nini esilaka te ! Kabila, oyebela, mandat esili ! » Traduction : « Qu’est-ce qui n’arrive jamais à son terme ? Kabila, sache-le, ton mandat est fini. »

Depuis quelques mois, cet avertissement est régulièrement lancé par les spectateurs du stade des Martyrs de Kinshasa. Comme ce vendredi 21 octobre, lors du match très attendu de la Ligue nationale football (Linafoot) entre le DC Motema Pembe et le FC Renaissance.

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Alors que les stadiers tentaient de calmer les supporters de ces deux clubs frères-ennemis de la capitale congolaise, des heurts ont éclaté dans le stade, interrompant momentanément le derby à la 73e minute.

La police est intervenue et a fait usage de gaz lacrymogènes. Pendant ce temps, une partie du stade a entonné le « Yebela ».

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Yebela, « hymne de la révolution » ?

« C’est l’hymne de la révolution. Les stades deviennent de plus en plus le terrain de manifestations de ras-le-bol politique en RDC », estime un Kinois, passionné du football. De son côté, un conseiller au ministère des Sports nuance : « Ces cris [anti-Kabila] sont souvent lancés lors des rencontres de l’équipe nationale ».

Il ne faut pas amener la politique sur le terrain de football.

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Toujours est-il que la pratique tend à se généraliser, dérange et met à mal l’aise les officiels qui viennent suivre les matches dans le stade. C’est pourquoi « le Comité national de prévention, de lutte contre la violence et la corruption dans le sport mais aussi la Ligue sportive pour la promotion et la défense des droits de l’homme (Lisped) passent […], lors de certaines sensibilisations du public à la radio ou à la télé, un message de fair-play invitant les spectateurs à ne pas amener la politique sur le terrain de football », explique Me Alain Makengo, membre du comité et président de la Lisped.

Des précédents

Déjà, début février 2016, à Kigali, lorsque les Léopards ont remporté le championnat d’Afrique des nations (Chan), des Kinois étaient descendus dans la rue de la capitale congolaise pour exprimer leur joie mais aussi pour rappeler au président Kabila que son mandat prenait bientôt fin.

Ce mandat arrive en effet à échéance le 19 décembre, or l’accord politique signé par le gouvernement et une frange de l’opposition la semaine dernière indique que le chef de l’État se maintiendra au pouvoir au-delà de cette date et au moins jusqu’à avril 2018.

Avant cela encore, en septembre 2016, à l’occasion de la victoire des Léopards face aux Fauves du Bas-Oubangui (Centrafrique), lors de la dernière journée des éliminatoires pour la Coupe d’Afrique des nations (CAN 2017), certains supporters scandaient là encore ce que d’aucuns qualifient de « chanson de l’alternance ».

Idem début octobre, lors du match entre la RDC et la Libye, retransmis en direct à la télévision nationale.

https://www.youtube.com/watch?v=BDPB45zXwoE

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