Union africaine : après le Rwanda, Mohammed VI obtient le soutien de la Tanzanie
Le gouvernement tanzanien a appuyé le Maroc dans son projet de réintégrer l’organisation panafricaine et lui a ouvert ses marchés. Ce lundi, 22 conventions et accords bilatéraux ont été signés entre les deux pays.
Il était 16h55, heure locale en Tanzanie, lorsque le Boeing 747-400 de la RAM transportant Mohammed VI a atterri à l’aéroport de Julius Nyerere de Dar es Salaam. Après un séjour fructueux au Rwanda où il a pu obtenir le soutien de Paul Kagame pour son projet de réintégrer l’Union africaine (UA), le roi du Maroc est venu solliciter celui du président tanzanien, John Pombe Magufuli, dans le cadre d’une tournée est-africaine. Celle-ci le conduira également en Éthiopie.
Créer une relation ex-nihilo
Il est accompagné par la même délégation d’hommes d’affaires qui a signé des contrats à Kigali, toujours prête à dégainer son chéquier afin de soutenir le projet politique du royaume.
Lundi 24 octobre, 22 conventions et accords bilatéraux ont été conclus en Tanzanie, jetant les bases d’un dialogue politico-économique qui n’existait pas auparavant entre le Maroc et ce pays. La plupart de ces accords se présentent d’ailleurs sous forme de mémorandums d’entente qui aboutiront à terme à des accords dans les hydrocarbures, les énergies renouvelables, les mines, le transport aérien, l’agriculture, la pêche maritime, les engrais, le tourisme, la banque et l’assurance, la santé… Il y a aussi la création de clusters industriels et logistiques, ainsi que la mise sur pieds d’une unité de valorisation et de conditionnement de thé haut de gamme.
Bref, les Marocains ont sorti la grosse artillerie pour décrocher des marchés dans un pays de 48 millions d’habitants et qui connaît une des plus belles performances du continent en terme de croissance (7% ces trois dernières années), avec à sa tête un Président réputé intègre et travailleur. Surnommé le « bulldozer », John Pombe Magufuli est un dirigeant est-africain tourné vers son peuple. Depuis son élection en 2015, il a fait de la lutte contre la corruption et les passe-droits son cheval de bataille, tentant de réveiller ce « géant endormi » qu’est la Tanzanie.
Soft power
Mohammed VI tente par ailleurs de ramener la Tanzanie à une position plus mesurée sur la question de l’indépendance du Sahara occidental qu’elle soutient pour des raisons historiques. Le 23 octobre, la diplomatie marocaine obtenu une petite victoire lorsque le ministre des Affaires étrangères tanzanien, Augustine Mahiga, a exprimé le soutien de son pays au retour du Maroc à l’Union africaine, estimant que le savoir-faire du Maroc était indispensable à l’Afrique.
Mais, rien n’est encore joué. Et le Maroc en est conscient. S’il ne peut pas amener les pays est-africains à adhérer à sa position sur le Sahara, il cherche tout au moins à neutraliser leur hostilité à son égard. Mis à part le levier économique, qui s’avère particulièrement convaincant, il a rétabli le levier diplomatique avec Dar Es Salaam en y ouvrant une ambassade chapeautée par un diplomate qui a déjà officié dans le Kenya voisin, Abdelilah Benryane.
Selon la presse tanzanienne, le roi du Maroc prolongera son séjour par quelques jours de vacances dans la zone protégée du Ngorongoro et dans l’archipel de Zanzibar avant de quitter la Tanzanie le dimanche 30 octobre.
Étape suivante: l’Éthiopie, siège de l’UA, là où la demande de réintégration du Maroc à cette organisation sera examinée en janvier.
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