Sierra Leone : première peine de prison pour non-respect des restrictions anti-Ebola
Un chef coutumier local du sud-ouest du Sierra Leone a été condamné à six mois de prison ferme pour non-respect des règles contre Ebola. Il était accusé de cacher des personnes infectées.
Une personne a été condamnée à six mois de prison ferme pour avoir enfreint les lois de prévention du virus Ebola. C’est la première affaire connue de non-respect de règle anti-Ebola ayant conduit à procès avec une condamnation et une amende en Sierra Leone.
>> Lire aussi : Liberia, Guinée, Sierra Leone… où en est la lutte contre Ebola ?
Quels sont les faits reprochés ?
Amadu Kargbo, responsable de la chefferie de Bumpeh, dans la région de Moyamba, a été jugé pour avoir caché aux autorités locales et sanitaires un malade d’Ebola, mais aussi pour avoir organisé et participé à des enterrements non sécurisés, a expliqué le président de la cour devant laquelle il a comparu, Foday Fofanah. Selon ce dernier, l’accusé a lui-même reconnu les faits qui lui étaient reprochés et assuré devant la cour qu’il regrettait ses actes.
Il a été condamné à six mois de prison ferme, une peine qu’il purgera après une quarantaine de 21 jours – période maximale d’incubation du virus. Il lui a aussi été infligé une amende d’un million de leones (189 euros / 232 dollars), a indiqué la même source.
D’après Foday Fofanah et des résidents de la chefferie, Amadu Kargbo a tu aux autorités la mort suspecte de son gendre, un phytothérapeute décédé cinq jours après avoir traité un malade d’Ebola, qui n’a pas non plus survécu au virus.
L’épouse de Amadu Kargbo est également décédée après avoir assisté à l’enterrement de leur gendre. La fille des Kargbo, tombée malade, a été recueillie par le couple chez qui elle est décédée puis a été inhumée en catimini.
Le patron de la chefferie, Charles Caulker, a regretté le comportement de l’accusé. Cependant, a-t-il assuré, le procès "nous a donné du courage" pour la lutte contre l’épidémie "il aura un rôle de dissuasion pour les autres".
Que dit la législation anti-Ebola ?
Le gouvernement sierra-leonais a lancé le 5 décembre une série de mesures destinées à endiguer l’épidémie et à éviter l’apparition de nouveaux cas d’Ebola dans sa population. Il s’est ainsi attaqué aux pratiques favorisant la transmission de la maladie, notamment via les cadavres.
Alors que les autorités ont lancé à plusieurs reprises des opérations de recensement des malades et des victimes d’Ebola, il est désormais interdit et puni de prison de cacher une personne infectée ou décédée aux équipes sanitaires.
Est également passible d’emprisonnement le fait de pratiquer des rites funéraires, qui occasionnent une proximité avec le corps du défunt. On estime généralement qu’en Afrique de l’Ouest les rituels funéraires, avec lavage et toucher des corps, jouent un rôle important dans la transmission du virus, les cadavres étant particulièrement contagieux.
Le gouvernement a également menacé de prison toute famille qui aurait nettoyé le corps d’un défunt avant de le remettre aux autorités sanitaires. "Quand il est prouvé que le cadavre a été altéré, nous mettons en quarantaine toute la famille", a expliqué Palo Conteh, chef du Centre national d’intervention contre Ebola. "S’ils sont négatifs, ils seront emmenés en prison pendant une certaine période durant l’état d’urgence. S’ils sont positifs, nous les envoyons en traitement", a-t-il ajouté. Et de conclure : "S’ils meurent, ce sera leur sort. Mais s’ils survivent, ils seront envoyés en prison."
>> Lire aussi : Ebola et l’Afrique, près de 40 ans d’épidémies
Où en est l’épidémie en Sierra Leone ?
L’épidémie d’Ebola a fait en un an plus de 7 500 morts en Afrique de l’Ouest. En Sierra Leone, selon le dernier bilan du ministre de la Santé, 7 075 ont été infectées pour un total de 2 235 victimes.
C’est dans la région de Port LOko, une des plus densément peuplées du pays, que l’épidémie a été la plus virulente, avec 1 136 cas. C’est également cette région qui concentre la grande majorité des nouveaux cas recensés, selon les communications du ministère de la Santé.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus
- Sextapes et argent public : les Obiang pris dans l’ouragan Bello
- Burkina Faso : entre Ibrahim Traoré et les miniers, une guerre de tranchées à l’ho...
- Guinée : ce que l’on sait de la mystérieuse disparition de Saadou Nimaga
- Sécurité présidentielle au Cameroun : Dieudonné Evina Ndo, une ascension programmé...
- Ilham Aliyev, l’autocrate qui veut « dégager » la France d’Afrique