Éthiopie : un journal indépendant suspend sa parution à cause de l’état d’urgence

Un des rares médias indépendants éthiopiens, le mensuel Addis Standard, cessera de paraître fin octobre. Il ne parvient plus à trouver d’imprimeur ni de distributeur en raison de l’état d’urgence décrété en Éthiopie le 9 octobre.

Des Ethiopiens lisent le journal à Addis Abeba, le 10 octobre 2016 alors que l’état d’urgence vient d’être décrété. © Mulugeta Ayene/AP/SIPA

Des Ethiopiens lisent le journal à Addis Abeba, le 10 octobre 2016 alors que l’état d’urgence vient d’être décrété. © Mulugeta Ayene/AP/SIPA

Publié le 25 octobre 2016 Lecture : 1 minute.

« Nous ne trouvons plus d’imprimeurs. Leurs avocats leur conseillent de ne plus imprimer quoi que ce soit de politique, car l’état d’urgence étend les sanctions non seulement aux rédacteurs, mais aussi aux éditeurs et distributeurs de contenus pouvant inciter à la violence », explique à l’AFP Tsedale Lemma, la co-fondatrice et rédactrice en chef d’Addis Standard. Celui-ci qui fait partie des rares voix indépendantes dans un paysage médiatique éthiopien complétement contrôlé par les autorités.

Addis Standard a essuyé, selon Tsedale Lemma, le même refus des supermarchés, hôtels et vendeurs de rue. Ceux-ci ont décidé de ne pas mettre en vente le magazine « jusqu’à la fin de l’état d’urgence », décrété pour une durée de six mois. « Nous avons essayé de les convaincre que l’état d’urgence ne visait que les contenus incitant à la violence, mais ils craignent que celui-ci ne soit interprété de manière abusive », a ajouté sa rédactrice en chef.

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https://twitter.com/TerrorFreeSomal/status/791007600540123136

Toujours disponible sur Internet

« Le magazine continuera cependant dans sa version internet et la rédaction est en train d’élaborer une nouvelle stratégie digitale qui inclura notamment des podcasts », a précisé Tsedale Lemma. Addis Standard emploie actuellement 23 journalistes à plein temps. Une douzaine d’emplois seront supprimés dans la distribution.

La dernière édition du magazine affichait en une le hashtag #IreechaMassacre, utilisé par les militants antigouvernementaux sur les réseaux sociaux pour dénoncer la tragédie du festival religieux oromo d’Ireecha, le 2 octobre, dans laquelle au moins 55 personnes, selon un bilan officiel contesté, ont été tuées dans une bousculade. La répression menée par le gouvernement a fait plus de 500 morts, selon les organisations de défense des droits de l’Homme.

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