Maroc : changement en vue à la tête de l’ANRT, le gendarme des télécoms
Selon plusieurs sources, le prochain limogeage du gendarme en chef du secteur des télécoms lui a été notifié mardi. Une décision qui serait venue directement de Tanzanie où le roi Mohammed VI est en visite officielle. Quelle interprétation donner à ce départ ? Jeune Afrique fait le point.
Azedine El Montassir Billah, directeur général de l’Agence de régulation des télécoms (ANRT), s’est vu notifié son limogeage, mardi 25 octobre, en fin de journée. L’information a d’abord été révélée par le site d’informations marocain Médias24, avant que plusieurs sources assurent à Jeune Afrique que « El Montassir Billah a confirmé son départ de l’ANRT à son entourage ». Une décision qui lui aurait été transmise au cours d’un appel téléphonique reçu de Tanzanie, où le roi Mohammed VI est actuellement en visite d’État. Joint par le site le360, le DG de l’ANRT a finalement confirmé la fin de sa mission à la tête de l’ANRT, sans pour autant donner de raison à son limogeage qui intervient en pleines tractations pour la constitution du prochain gouvernement.
Il faut attendre le roi !
Mais le remerciement du patron de l’ANRT ne pourra revêtir un caractère officiel qu’au cours d’un Conseil des ministres présidé par le roi. Il faudra donc attendre le retour de ce dernier d’Afrique de l’Est. L’ANRT fait partie des établissements publics stratégiques, dont les dirigeants sont nommés par Mohammed VI au cours d’un Conseil des ministres. « La tradition pour ce genre d’institutions est d’annoncer la nomination d’un remplaçant plutôt que d’évoquer le départ du dirigeant sortant », nous explique un connaisseur des rouages des nominations aux hautes fonctions.
En tout cas, l’annonce de son remerciement fait déjà l’objet de diverses interprétations. Selon les sources de Médias24, le directeur de l’ANRT aurait été éjecté pour des « manquements répétés en matière managériale, qui durent depuis un certain temps ». Pour certains, cette sanction est liée à la polémique suscitée, dans le courant de l’année, au sujet du blocage par l’ANRT de la VoIP, ces services d’appels via des applications comme Skype ou WhatsApp.
Le nouveau texte de loi sur les télécoms qu’il défendait bec et ongles, n’a pu franchir le cap du Parlement, où il prend de la poussière depuis 2014
Pour d’autres, le limogeage d’El Montassir Billah serait directement lié à l’avertissement adressé, la semaine dernière, à l’opérateur historique Maroc Telecom, pour avoir failli à ses engagements en matière de partage des infrastructures. « Cela revient à prêter à Maroc Telecom et à son président, plus d’influence qu’ils n’en ont. Quoi qu’il se passe dans ce secteur, nous sommes toujours pointés du doigt », ironise un cadre de l’opérateur télécom, qui rejette en bloc tout lien entre la sanction et le changement éventuel à la tête de l’ANRT.
Quel successeur ?
Nommé en 2008 comme gendarme en chef des télécoms, Azedine El Montassir Billah a piloté la réalisation d’une nouvelle note d’orientation stratégique pour le secteur. Il a été derrière le lancement de la 4G au Maroc ainsi que de plusieurs notes réglementaires favorisant la concurrence sur le marché. Le nouveau texte de loi sur les télécoms qu’il défendait bec et ongles, n’a pu franchir le cap du Parlement, où il prend de la poussière depuis 2014. À son successeur, non encore connu, de faire mieux désormais.
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