Vidéo – Jean-Claude Mokeni : « Si Katumbi s’engage dans une voie démocratique, Kabila ne sera pas insensible »

De passage à Paris où il devait rencontrer des sénateurs français dans le cadre de ses activités de « diplomatie parlementaire », le sénateur congolais Jean-Claude Mokeni, cadre de la Majorité présidentielle (MP), est revenu jeudi pour Jeune Afrique sur la situation politique tendue ces derniers mois en RDC.

Jean-Claude Mokeni, sénateur de la RD Congo (Majorité présidentielle), le 27 octobre 2016 à Paris. © Vincent Fournier/JA

Jean-Claude Mokeni, sénateur de la RD Congo (Majorité présidentielle), le 27 octobre 2016 à Paris. © Vincent Fournier/JA

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Publié le 28 octobre 2016 Lecture : 3 minutes.

Au lendemain du sommet international de Luanda, le camp du Président Joseph Kabila se sent conforté dans sa position. Le dialogue politique national, initié par le chef de l’État congolais mais boycotté par le Rassemblement de l’opposition, a été salué par ses pairs de la région. Mais Jean-Claude Mokeni, sénateur et cadre de la Majorité présidentielle (MP), refuse de parler de « victoire ».

« Notre objectif n’était pas de convaincre les chefs d’État de la région. Nous avons voulu d’abord convaincre les Congolais en interne. C’est pourquoi le Président Kabila a convoqué les concertations nationales, puis le dialogue politique pour que les fils et filles de la RDC se parlent et tentent de résoudre les problèmes qui se posent », a expliqué, le jeudi 27 octobre à Jeune Afrique, celui qui préside la commission des relations extérieures du Sénat congolais.

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Condamnant les violences des 19 et 20 septembre, sans remettre en cause l’emploi disproportionné de la force reproché aux forces de l’ordre, Jean-Claude Mokeni soutient que le dialogue qui s’est conclu par la signature, le 18 octobre, d’un accord politique, « a été voulu par la communauté internationale pour trouver des voies pacifiques pour aller aux élections ».

À ceux qui estiment − États-Unis et Union européenne en tête −, que ces pourparlers n’ont pas été suffisamment inclusifs et appellent à des nouvelles négociations pour rechercher un compromis beaucoup plus tard, le sénateur leur oppose le communiqué du sommet de Luanda qui, selon lui, est « assez clair » sur la question : « Il n’y aura pas de nouveau dialogue ».

Voir l’interview en vidéo du sénateur Jean-Claude Mokeni

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Pour Jean-Claude Mokeni, « des poids lourds de l’opposition congolaise ont bel et bien pris part au dialogue qui a eu lieu à Kinshasa ». « Chez nous, l’opposition est parlementaire : l’Union pour la nation congolaise (UNC) de Vital Kamerhe a participé aux pourparlers et constitue la troisième force au Parlement, derrière la MP et le groupe parlementaire de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) et ses alliés. Des cadres et certains élus de cette plateforme étaient également présents aux assises », soutient le sénateur, élu en 2007 pour un mandat de cinq ans.

Climat politique toujours tendu

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Il en est de même du président Kabila, réélu en 2011 pour son second mandat constitutionnel de cinq ans, qui devrait rester en fonction au moins jusqu’à avril 2018, suivant les dispositions de l’accord politique conclu dans la capitale congolaise. Le temps d’organiser des élections présidentielle, législatives et provinciales. Un schéma que rejette le Rassemblement, rangé derrière l’opposant historique Étienne Tshisekedi.

Visiblement, malgré l’accord politique, le climat politique demeure tendu en RDC. Plusieurs militants pro-démocratie de la Lutte pour le changement (Lucha) qui s’opposent au maintien au pouvoir de Joseph Kabila au-delà du 19 décembre 2016 ont été interpellés et mis en détention ces derniers jours à Kinshasa et à Goma. Le Rassemblement de son côté annonce un « meeting populaire » le 5 novembre, dans la capitale congolaise.

Le cas Katumbi

Le prochain Premier ministre qui sera issu de l’opposition devra s’atteler à baiser cette tension, selon Jean-Claude Mokeni qui a pris part au dialogue.

Il appartient aux [leaders du] Rassemblement de montrer leur bonne volonté.

À l’en croire, des « mesures de décrispation, en l’occurrence la libération des prisonniers politiques et d’opinion, comme le dit l’opposition » pourraient encore être prises, mais « il appartient aux [leaders du] Rassemblement de montrer leur bonne volonté », estime-t-il.

Inculpé d’atteinte à la sûreté nationale et condamné à trois ans de prison dans une affaire de spoliation d’immeuble, l’opposant Moïse Katumbi qui a toujours dénoncé ces « procès politiques », pourrait aussi bénéficier de telles mesures, d’après le sénateur. « Si l’ancien gouverneur s’engage réellement dans une voie démocratique, qui va mener à un changement démocratique, en ne recourant pas à la violence […], le président de la République ne [sera] pas insensible », lâche-t-il.

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