Algérie : le Sud grogne contre une facture d’électricité salée
Des habitants du sud algérien manifestent depuis plusieurs semaines contre une hausse des tarifs énergétiques. Le gouvernement vient de réagir, en installant une commission, chargée d’étudier la possibilité de réduire les prix de l’électricité et du gaz dans ces régions, exposées à de fortes chaleurs.
El Oued, Timimoun, Adrar, Béchar… Un mouvement populaire de protestation contre une augmentation des prix de l’électricité et du gaz parcourt le sud algérien d’Est en Ouest, depuis septembre. Routes bloquées par des pneus brûlés, marches contestataires, mobilisation sur les réseaux sociaux, la grogne ne faiblit pas dans ces régions sahariennes, où le thermomètre affiche encore plus de 35°C.
Lundi, des habitants de Ouargla, soutenus par la Coordination nationale des droits des chômeurs (CNDDC), ont appelé au boycott de leur dernière facture d’électricité, lors d’une manifestation organisée entre le siège de Sonelgaz et de la wilaya (préfecture).
Une marche qui s’est déroulée dans le calme et a rassemblé plusieurs générations, selon des participants. « On ne payera pas tant que le gouvernement ne trouvera pas de solution à cette inflation », assure Fellah Djelloul, membre de la CNDDC.
Une facture à 400 euros pour la saison estivale
Pour certains foyers vivant dans le sud de l’Algérie, équipés de plusieurs climatiseurs, la facture de consommation d’électricité pour la saison estivale culmine à 50 000 dinars (DA, environ 400 euros). C’est beaucoup pour une région démunie, où le taux de chômage reste élevé. « Ma facture d’électricité est passée pour la même période de 9 000 DA (soit 75 euros) à 24 000 DA (soit 200 euros) en une année. Certains de mes voisins doivent payer jusqu’à 50 000 DA. C’est trop, nous n’en avons pas les moyens », soupire Fellah Djelloul.
Depuis avril, les ménages algériens payent plus chers leur consommation d’électricité. Le gouvernement a relevé les tarifs énergétiques afin d’alléger le poids des subventions publiques dans le budget de l’État, déjà déficitaire.
Une commission gouvernementale pour calmer le jeu
Pour la tranche de la population la plus consommatrice – dans laquelle on retrouve les habitants du Sud –, le prix de l’électricité a fortement crû, selon la loi de Finances 2016, entrée en vigueur en janvier dernier. Résultat : l’aide de l’État, qui assume en temps normal la moitié de la facture d’électricité des habitants du Sud, n’amortit pas l’envolée des prix.
Face à la grogne sociale et à la perte de pouvoir d’achat des Algériens, les dirigeants, qui prévoient un nouveau rabotage budgétaire — mais pas de nouvelles hausses des prix de l’électricité — dans le projet de loi de Finances 2017, tentent d’apaiser les tentions.
Le ministre de l’Intérieur, Nourredine Bedoui, a annoncé le 20 octobre, selon l’APS, la mise en place d’une commission « restreinte », chargée d’étudier la possibilité de réduire les factures d’électricité pour les populations du Sud, notamment durant l’été.
Les manifestants restent malgré tout mobilisés. La gronde pourrait même gagner la capitale — quoique les manifestations soient interdites à Alger depuis juin 2001. « Si rien est fait d’ici novembre, les citoyens du Sud, les chômeurs et des syndicats autonomes organiseront une marche à Alger », assure cependant Fellah Djelloul.
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