Âge, études, sexe… Quel est le profil des terroristes tunisiens ?

Le forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) a annoncé mercredi la création du Centre tunisien de recherches et d’études sur le terrorisme (CTRET) et en a profité pour délivrer les résultats de ses premiers travaux.

Un policier tunisien près de la scène de l’attentat contre un bus de la garde présidentielle, à Tunis, le 24 novembre 2015. © Hassene Dridi/AP/SIPA

Un policier tunisien près de la scène de l’attentat contre un bus de la garde présidentielle, à Tunis, le 24 novembre 2015. © Hassene Dridi/AP/SIPA

Publié le 28 octobre 2016 Lecture : 3 minutes.

Depuis la révolution, des milliers de jeunes sans emploi ont émigré clandestinement, alors que d’autres se sont laissés attirer par les réseaux terroristes et de contrebande, a indiqué le 26 octobre Abderrahmane Hedhili, président du FTDES.

« Il convient aujourd’hui de bien analyser ces phénomènes sociaux afin de sauver notre jeunesse et lui garantir un avenir meilleur. » D’où la création d’un centre spécialisé, pour permettre une analyse socio-démographique du terrorisme en Tunisie et réfléchir à des solutions en amont pour contrer ce fléau.

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Le Centre compte d’ailleurs créer une cellule d’écoute et de prévention contre le terrorisme au profit des victimes du terrorisme, et des familles pourront également bénéficier d’un soutien pour tenter de retrouver leurs enfants enrôlés par des groupes terroristes. « Il s’agit de garantir un encadrement psychologique et juridique aux populations vulnérables ciblées par le discours terroriste et de les convaincre par un contre-discours hostile à la violence », a souligné Ridha Raddaoui, responsable du CTRET, d’après l’agence TAP.

La conférence fut aussi l’occasion de présenter les résultats de la première étude réalisée par le CTRET intitulée « Le terrorisme en Tunisie à travers les dossiers judiciaires », basée sur un échantillon de 1000 terroristes et 384 dossiers judiciaires présentés entre 2011-2015.

40% de diplômés du supérieur

« Environ 40% [d’entre eux] sont diplômés du supérieur ou ont un niveau universitaire, tandis que 33% ont un niveau secondaire”, a indiqué mercredi Imen Kochbati, docteur en sociologie et en démographie. 13% de l’échantillon étudié ont suivi une formation professionnelle et 4% sont des bacheliers, a-t-elle ajouté.

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Plus de la moitié de cet échantillon a entre 25 et 34 ans, d’après l’étude, et beaucoup ont été endoctrinés dans des mosquées ou via les réseaux sociaux. D’après Imène Gzara, membre du CTRET invitée sur les ondes de Shems Fm, ces chiffres relatifs aux études et à l’âge s’expliquent principalement par un taux de chômage élevé et un sentiment de frustration ressenti par les jeunes Tunisiens.

Au cours de la conférence de presse, l’inadaptation entre le système éducatif et les besoins du marché de l’emploi ainsi que l’échec du système de formation professionnelle et son incapacité à attirer les jeunes ont notamment été pointés du doigt par les intervenants.

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Plus de femmes « leaders » terroristes

Sur les 1000 terroristes, 965 sont des hommes et 35 sont des femmes. Plus de la moitié (536) sont célibataires, 239 sont mariés, et environ 1% sont divorcés ou veufs.

D’après Imène Gzara, le Centre a observé une évolution des tâches accordées à la femme tunisienne au sein des organisations terroristes, certaines accédant au rôle de leader. Elle rappelle ainsi l’exemple de Fatma Zouaghi, une « brillante élève » arrêtée il y a un an pour avoir dirigé la cellule médiatique d’Ansar Charia et de la Katiba Okba Ibn Nafaa (relevant d’Al-Qaïda au Maghreb islamique).

Quant aux sept régions ayant compté le plus de terroristes entre 2011 et 2015, il s’agit de Tunis (181), Sidi Bouzid (138), Ariana (61), Jendouba (53), Kasserine (52), Médenine (51) et Bizerte (50).

Il est cependant important de préciser que les chiffres de cette étude sont à prendre avec des pincettes. Car bien que basés sur des enquêtes judiciaires a priori fiables, comme le rappelle Ridha Raddaoui, les procès-verbaux de première instance ont souvent été rédigés dans des postes de police, où des aveux forcés sont possibles. « Dans ce cas, seuls les dossiers tranchés par la justice ont servi de pièces à conviction », précise-t-il.

Farhat Horchani, le ministre tunisien de la Défense, avait estimé début septembre qu’un millier de Tunisiens combattaient au côté du groupe État islamiste (EI) en Libye et qu’ils constituaient une « menace » pour la Tunisie.

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