Tunisie : les Journées cinématographiques de Carthage fêtent leurs 50 ans
Du 28 octobre au 5 novembre à Tunis, la fête du cinéma sera totale : les Journées Cinématographiques de Carthage (JCC) fêtent leurs cinquante ans.
Le premier festival africain dédié au cinéma n’a pas pris une ride en 27 sessions. En alternance avec le festival panafricain du cinéma de Ouagadougou (Fespaco), jusqu’en 2015 où elles deviennent annuelles, les JCC ont connu des hauts et des bas mais gardé le cap du cinéma, même si l’aspect militant des débuts s’est émoussé. Questions d’hommes et de temps nouveaux.
L’attentat de 2015 dans les esprits
Tahar Cheriaa, leur fondateur les avaient inscrites dans la mouvance des indépendances africaines et dans la mise en place d’un axe Sud-Sud pour un cinéma africain et arabe indépendant des majors. Mais la fibre militante perdure, elle s’exprime différemment autour des problématiques du moment.
La session qui débute a été présentée sur l’avenue Mohamed V, là où un attentat avait fait 12 morts alors que les JCC 2015 battaient leur plein et avaient maintenu leur programmation malgré les risques sécuritaires comme résistance au terrorisme. Hommage aux hommes tombés pour la Tunisie mais aussi à ceux qui ont fait les JCC avec la projection de tous les films ayant remporté le Tanit d’or.
Mais l’acteur essentiel des JCC est son public. Pas moins de 100 000 festivaliers qui patientent devant les salles, commentent et débattent entre deux projections et donnent au centre de Tunis un rythme festif au gré des concerts et des expositions. Une fête totale et une victoire du cinéma qu’auraient appréciées Tahar Cheriaa.
Des salles de cinéma aux prisons
Loin du glamour de Marrakech ou de Dubaï, les JCC 2016 proposent en compétition officielle 18 longs métrages et 19 courts métrages, un prix de la première œuvre que se disputent 13 films, et 18 films dans la section Carthage Ciné-promesse.
Avec 11 films en lice, le cinéma tunisien, très prolixe depuis la chute du régime en 2011, a la part belle, mais le festival cinquantenaire propose également un florilège du cinéma russe et asiatique ainsi qu’un hommage très attendu au réalisateur égyptien Youssef Chahine.
Le palmarès ne sera dévoilé que le 5 novembre, mais on sait déjà que le prix de ce cinquantenaire sera attribué au cinéaste Ferid Boughedir, tandis que beaucoup parient sur « Bois d’ébène » du sénégalais Moussa Touré et « 3000 layla » de la palestinienne Mai Masri pour remporter un Tanit.
La manifestation, qui déborde l’avenue Bourguiba qui l’a vu naître, s’étend aux salles du Grand Tunis et va à la rencontre du public de 14 régions intérieures et des universités. Elle introduira également le cinéma dans les prisons, une première.
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