Le Liberia élit ses sénateurs malgré Ebola
Les Libériens votaient samedi, sans incidents, pour renouveler la moitié des sièges du Sénat, un scrutin reporté plusieurs fois en raison de l’épidémie d’Ebola qui frappe le pays le plus touché en Afrique de l’Ouest, région dans laquelle le chef de l’ONU, Ban Ki-moon, effectue une tournée.
Ban Ki-moon est arrivé samedi matin à Conakry, en Guinée, premier pays touché par le virus et où la crainte d’Ebola a provoqué vendredi une explosion de violence dans la ville de Kissidougou, située dans le sud.
Des centaines de jeunes, craignant une contamination de leur quartier, y ont vendredi empêché très violemment l’installation d’un centre de traitement d’Ebola de Médecins sans frontières (MSF), a-t-on appris samedi de source sécuritaire.
"Ils ont d’abord saccagé les installations, notamment des tentes de MSF, mis le feu aux bâches et cassé des chaises pour enfin chasser le personnel sanitaire et officiel qui avait pris place sur les lieux", a expliqué le commissaire Houlémou, joint au téléphone depuis Conakry.
Au Liberia, dans le calme et dès 07H30 (locales et GMT), de longues files d’électeurs se sont formées devant les bureaux de vote à Monrovia pour renouveler 15 des 30 sièges de sénateurs, a constaté un journaliste de l’AFP.
A l’intérieur du pays, le vote s’est poursuivi, selon des témoins joints par l’AFP. Aucun incident n’a été rapporté pour ce scrutin initialement prévu le 14 octobre, mais reporté au 16 décembre avant d’être fixé à samedi.
Le scrutin a démarré avec retard dans plusieurs bureaux de vote de la capitale libérienne, dont celui du quartier Kendeja (banlieue nord), où a voté l’opposant et star nationale du football George Weah, candidat à un poste de sénateur, selon un journaliste de l’AFP.
"Je suis plus que confiant en ma victoire. La raison est que je n’ai jamais été battu (dans le comté de) Montserado" dont Monrovia fait partie, a déclaré à la presse George Weah, après avoir voté.
"J’ai toujours battu (la présidente du Liberia) Ellen Johnson Sirleaf. Je ne vois pas quelqu’un qui peut me battre ici. Ma victoire avait été volée lors de la présidentielle (de 2005). Cette fois, je ne vais pas le permettre", a ajouté M. Weah, candidat malheureux à la présidentielle remportée par Mme Sirleaf.
Robert Sirleaf, son concurrent pour le même siège et fils de la présidente, se dit également "optimiste" pour sa victoire. "Le peuple libérien décidera et la commission électorale va donner les résultats", a-t-il dit. Les premiers résultats provisoires sont attendus dès dimanche.
"Les électeurs testés"
Dans Monrovia, les rues étaient désertes, les marchés, les restaurants, les bars et les centres de loisirs fermés. "J’ai peur que ça se termine dans la violence", a affirmé à l’AFP un commerçant, en allusion aux incidents ayant opposé des militants pendant les derniers jours de campagne.
Le Liberia compte plus de la moitié des morts d’Ebola. La maladie qui s’est déclarée dans le sud de la Guinée en décembre 2013, a fait plus de 6.915 morts, presque tous dans ce pays, en Sierra Leone et en Guinée, selon un bilan de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Pour les sénatoriales libériennes et les regroupements de population créés par les opérations de vote aux alentours et dans les bureaux de vote, le Liberia dit avoir pris d’efficaces dispositions.
"Tous les électeurs seront testés et ceux qui auront plus de 38 degrés de température vont quitter les rangs" pour voter à part, a déclaré à la presse, avant le début du vote, le vice-ministre libérien de la Santé, Tolbert Nyensuah, présent dans le bureau de Kendeja.
"Après s’être lavé les mains pour entrer à l’intérieur des bureaux de vote, chaque électeur devra se tenir à au moins un mètre des autres", a expliqué à l’AFP un porte-parole de la Commission électorale nationale (NEC) du Liberia, Joey Kennedy.
Le Liberia fait partie des pays au programme de la tournée, entamée jeudi, de Ban Ki-moon. Il était jeudi à Accra, où est basée la Mission de l’ONU pour la lutte contre Ebola (UNMEER), vendredi au Liberia et en Sierra Leone, avant d’arriver samedi en Guinée, pour partir ensuite au Mali.
"La propagation du virus a été sensiblement freinée dans certaines régions" de Guinée, a déclaré à la presse M. Ban, tout en soulignant qu’en Guinée forestière (sud),"il est inquiétant de constater que le nombre de malades semble continuer de croître".
Concernant l’impact de l’épidémie d’Ebola sur la vie politique des pays touchés, le président Alpha Condé s’est voulu rassurant. "J’ai rassuré (…) le secrétaire général que les élections prévues en 2015 auront lieu, Ebola n’est pas une raison pour ne pas aller aux élections", a dit le premier président de Guinée démocratiquement élu, en 2010.
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