Irak : gros revers pour l’État islamique

Plusieurs chefs du groupe État islamique en Irak ont été tués récemment dans des frappes aériennes américaines dans le nord de l’Irak, où des combattants kurdes ont brisé jeudi le siège imposé par les jihadistes au mont Sinjar.

Des combattants peshmergas à Zummar (Irak) le 18 décembre 2014. © AFP

Des combattants peshmergas à Zummar (Irak) le 18 décembre 2014. © AFP

Publié le 19 décembre 2014 Lecture : 3 minutes.

Il s’agit de deux revers d’envergure pour ce groupe ultra-radical qui s’est emparé de larges pans du territoires irakien depuis juin, dont la deuxième ville du pays Mossoul, et qui contrôle également de grandes zones dans la Syrie voisine. "Je peux confirmer que depuis mi-novembre des frappes ciblées de la coalition sont parvenues à tuer plusieurs hauts dirigeants et responsables de moindre niveau du groupe Etat islamique", a fait savoir dans un communiqué le contre-amiral John Kirby, porte-parole du Pentagone, sans fournir d’identités ni la localisation de ces frappes.

Selon un responsable américain parlant sous couvert d’anonymat, il s’agit notamment de Haji Moutazz, Abou Muslim al-Tourkmani de son nom complet, considéré comme l’adjoint pour l’Irak du chef de l’EI Abou Bakr al-Baghdadi. Le responsable a également cité Adb al-Basset (Inad Allah Moulla Gaidh). "Moutazz et Basset étaient considérés comme des dirigeants de haut niveau de l’Etat islamique", a indiqué ce responsable.

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La coalition a intensifié son offensive contre les jihadistes de l’EI, notamment depuis le début de la semaine, avec plus de soixante raids aériens dans le nord de l’Irak, en soutien notamment aux combattants kurdes. "Les peshmergas ont atteint le Mont Sinjar, le siège de la montagne a été levé", a déclaré à des journalistes Masrour Barzani, le président du conseil de sécurité de la région autonome du Kurdistan.

Opération la plus réussie

Depuis un centre d’opérations près de la frontière syrienne, ce responsable a parlé de "l’offensive militaire contre l’EI la plus grande et la plus réussie (pour les forces kurdes)". Selon lui, les jihadistes défaits au Mont Sinjar ont fui en masse vers leurs fiefs du nord du pays, comme Tal-Afar et Mossoul, des régions proches du Kurdistan.

Un commandant des peshmergas, Mohamed Kojar, a indiqué à l’AFP par téléphone que ces troupes avaient sécurisé une route qui permettrait aux gens de quitter vendredi la montagne par le nord-est, brisant de fait le siège.

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Un chef yazidi, communauté majoritaire dans cette région considérée comme hérétique par les jihadistes, a cependant indiqué ne voir aucun signe de déploiement militaire sur le Mont Sinjar. C’est la prise par l’EI de la ville de Sinjar en août, et l’exode dramatique des yazidis sur le mont éponyme, qui avait conduit les Américains à entamer en août une campagne de bombardements aériens pour freiner l’EI.

Depuis, les Etats-Unis ont pris la tête d’une coalition internationale anti-jihadistes qui a procédé à plus de 1.300 raids aériens, dont plus de soixante dans le nord de l’Irak rien que depuis le début de cette semaine. La coalition a annoncé que les trois-quarts de ces frappes visaient à soutenir l’offensive d’envergure lancée mercredi par les peshmergas et les forces de sécurité, sans préciser les secteurs visés.

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Corps mutilés 

Selon le responsable kurde Masrour Barzani, cette offensive aurait permis de regagner 700 kilomètres carrés de terrain en deux jours et de couper les routes d’approvisionnement clés utilisées par l’EI.

Le Pentagone, par la voix du général James Terry, a évoqué jeudi "une centaine" de km2 repris par les forces kurdes près de Sinjar, ville tenue par les jihadistes. "Je pense que nous avons fait des progrès significatifs pour enrayer l’avancée de l’EI", a-t-il ajouté.

Des images diffusées par le gouvernement autonome du Kurdistan irakien ont montré les carcasses calcinées de véhicules de l’EI et le drapeau noir des jihadistes flottant sur des positions abandonnées.

Avant l’annonce de la fin du siège du Mont Sinjar, les peshmergas avaient indiqué avoir repris huit villages depuis le début de leur offensive, lancée depuis Rabia, près de la frontière syrienne, et Zoumar sur les rives du lac de Mossoul. Un journaliste de l’AFP sur place a vu des corps mutilés de jihadistes que les peshmergas avaient recouverts de sable pour masquer leur puanteur.

Durant son attaque sur Sinjar en août, l’EI avait tué ou enlevé plusieurs centaines des membres des Yazidis. Des dizaines de milliers d’autres, réfugiés dans la montagne, avaient été assiégés dans des conditions dramatiques pendant plusieurs semaines, avant de pouvoir être évacués.

S’il se confirme, ce succès au Mont Sinjar s’inscrit dans un cycle de victoires ces dernières mois pour les éléments qui composent la lutte armée anti-EI (forces gouvernementales, peshmergas, milices chiites et tribus sunnites), qui grignote un peu du terrain perdu en juin lorsque l’armée s’était effondrée face à la grande offensive jihadiste dans le nord et l’ouest du pays.

(AFP)

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