Les 15 catastrophes ferroviaires qui ont marqué le continent africain
Le 21 octobre, le train Yaoundé-Douala déraillait au niveau d’Eseka, faisant 79 victimes selon le dernier bilan officiel. Une catastrophe ferroviaire qui en rappelle d’autres sur le continent. Retour sur quinze épisodes tragiques de l’histoire du rail africain.
Les différentes enquêtes ne sont pas encore closes au Cameroun, après l’accident ferroviaire d’Eseka, le 21 octobre. Mais le déraillement du train Yaoundé-Douala n’est pas sans en rappeler d’autres, aux conséquences tout aussi dramatiques. Chaque fois, ou presque, les causes sont évidentes : surcharge des voitures, vétusté du matériel, vitesse excessive… Jeune Afrique revient sur quinze drames qui ont endeuillé l’Afrique depuis 1932.
Algérie – 1932
Nous sommes le 14 septembre 1932, sur la ligne Oran-Oujda. Un train transportant environ 500 légionnaires de Sidi-bel-Abbès est envoyé du côté marocain de la frontière. À son bord, un détachement de la Légion composé de 2 officiers, de 27 sous-officiers et de 481 légionnaires.
Le convoi est précipité dans un ravin, suite à l’effondrement d’un talus causé par de fortes pluies, à quatre kilomètres de Turenne, entre Tlemcen et Oudja. Bilan, malgré les premiers secours : 62 morts, dont cinq cheminots, et plus de 280 blessés.
Maroc – 1945
Le 24 juin 1945, à Ouarzigha, près de Meknès, au Maroc, un train mixte de voyageurs et de wagons citernes d’essence venant de Casablanca s’arrête dans une pente, pour des raisons restées floues. Selon certains, le conducteur aurait cherché à dégager le corps d’un enfant électrocuté, qui faisait obstacle au passage du train et puis les freins auraient cédé.
Le convoi dévale alors la pente et, prenant de plus en plus de vitesse, déraille. L’incendie provoqué par l’embrasement des citernes dure trois jours et 228 militaires de retour des théâtres de guerre européens y perdent la vie, selon le journal d’un capitaine de l’armée française. Une stèle commémorative a été érigée dans le carré du cimetière militaire français, à Meknès.
Éthiopie – 1985
Le train qui relie Djibouti à Addis Abeba chute dans un ravin à Awash, à une centaine de kilomètres à l’est de la capitale éthiopienne, le 13 janvier 1985. Il fait au moins 428 morts et 500 blessés parmi les 1000 passagers à bord, alors que les quatre wagons ont été éjectés dans la rivière Awash.
Le déraillement, qui a lieu en début d’après-midi, aurait été causé par une vitesse excessive alors que le train abordait une courbe aux abords d’un ravin. Cet accident serait le plus meurtrier qui ait jamais eu lieu sur le continent.
Congo-Brazzaville – 1991
Le 5 septembre 1991, un train de la Comilog heurte un train de voyageurs du chemin de fer Congo-Océan (CFCO) à Mvoungouti, à une trentaine de kilomètres au sud de Dolisie. La collision fait 100 morts et 300 blessés. Les deux compagnies s’affrontent ensuite devant la justice congolaise et française au sujet de la responsabilité de l’accident. Fin 2015, les cheminots réclamaient encore une indemnisation.
Des témoignages critiquent notamment le matériel de la Comilog, dont le train de transport de minerais aurait été vétuste, notamment au niveau du système de freinage. La catastrophe provoque un incident diplomatique, et le ministre gabonais des Transports décide de suspendre la circulation des trains de la Comilog sur la ligne congolaise. À partir de là, le minerai est acheminé par le Transgabonais, une voie ferrée inaugurée en 1986 qui ne traverse que le Gabon.
Kenya – 1993
L’usure d’un pont entre Mombasa et Kisumu, au Kenya, provoque, le 30 janvier 1993, la chute de cinq voitures d’un train dans le lac Victoria, alors que l’ouvrage s’effondre sous le poids du convoi. Le conducteur a le temps de décrocher une partie des voitures et de nombreux passagers sont ainsi sauvés. Néanmoins, au moins 140 des 600 passagers trouvent la mort.
Angola – 1994
Le 22 septembre 1994, un train déraille dans la province de Huila, dans le sud du pays, plus précisément à Tolunda. En cause : des freins défectueux. L’accident fait au moins 300 morts et 147 blessés.
Cameroun – 1998
Nous sommes le 14 février 1998 à Nsam, dans la banlieue de Yaoundé. Des wagons-citernes de la société camerounaise de dépôts pétroliers (SCDP) se renversent accidentellement sur les rails, après un déraillement. Les populations riveraines affluent pour récupérer le précieux liquide, mais un incendie se déclare sur les lieux. Bilan officiel 235 morts.
Kenya – 1999
Un accident du train reliant Nairobi à Mombasa, fait 32 morts et plus de 250 blessés au Kenya le 24 mars 1999. Le convoi, qui transportait plus de 600 passagers, se met soudainement à accélérer lorsqu’il aborde une courbe, provoquant un déraillement dans le parc national de Tsavo, au sud-est du pays.
Égypte – 2002
Le 20 février 2002, peu après minuit, un feu est détecté dans un wagon du train 832 qui relie Le Caire à Assouan. Le véhicule, qui a pris en charge nombre de voyageurs cherchant à se rendre dans le sud pour célébrer l’Aïd, est surchargé.
Lorsque l’incendie se déclare à l’arrière du convoi, depuis un simple réchaud à gaz, il continue sa route. Le vent attisant les flammes, c’est un véritable brasier qui va s’étendre et toucher sept wagons. Quelque 373 passagers trouvent ainsi la mort à Al-Ayyat.
Mozambique – 2002
Le 25 mai 2002, un train à destination de l’Afrique du Sud percute un convoi de marchandises stationné à Pessene, à environ 40 kilomètres au sud-ouest de Maputo, capitale du Mozambique. 192 personnes sont tuées et 169 blessées parmi environ 1000 passagers.
Le conducteur du train aurait décroché les voitures transportant les voyageurs après avoir constaté un problème mécanique. Lesdites voitures, immobilisées dans une pente, auraient toutefois vu leurs cales céder et auraient dévalé la pente avant de s’écraser contre le convoi de marchandises. Le Président Joachim Chissano qualifie l’accident − pire désastre ferroviaire qu’ait connu le pays − de tragédie nationale.
Tanzanie – 2002
Un train de voyageurs surchargé heurte un train de marchandises le 24 juin 2002 près d’Igendu, dans la région de Dodoma, à environ 400 kilomètres à l’ouest de Dar es Salaam. Le bilan est de près de 300 morts.
Le train monte une colline, lorsque son moteur perd de la puissance. Les 22 voitures reculent et heurtent un convoi de marchandises. Tous les wagons, à l’exception d’un seul, déraillent. La moitié d’entre eux étaient des voitures de troisième classe avec une capacité officielle de 88 places, largement dépassée.
RD Congo – 2007
Le déraillement d’un train de nuit de la Société nationale des chemins de fer du Congo reliant la ville Ilebo à celle de Kananga, au Kasaï-Occident, fait plus de 71 morts, le 1er août 2007. L’accident est provoqué par une défaillance technique de la locomotive. Le train, surchargé, cesse de répondre aux commandes et, privé de freins, déraille, voyant ses sept wagons se retourner à Kakenge.
Congo-Brazzaville – 2010
Le train reliant Brazzaville à Pointe-Noire déraille le 21 juin 2010. Quatre voitures sont tombées dans un ravin aux environs de Yanga, entre Bilingi et Tchitondi. Le bilan de l’accident fait état de 76 morts et 745 blessés. Causes : un excès de vitesse et la surcharge du train, qui transportait des centaines de passagers dans six voitures et des tonnes de marchandises dans quatre fourgons.
RD Congo – 2014
L’accident survient le 22 avril 2014 lorsqu’un train de marchandises de la Société nationale des chemins de fer du Congo (SNCC) déraille dans le sud-est de la RD Congo. Plus de 60 personnes sont tuées, et 160 autres blessées.
À l’origine de l’accident : « l’emballement » du moteur, selon les autorités, mais aussi la surcharge du train. Ce dernier devait rallier Kamina à Mwene-Ditu, plus au nord, dans la province diamantifère de Kasai-Oriental. Des sources concordantes affirment qu’en plus des marchandises, des centaines de personnes voyageaient dans les wagons et sur les toits, souvent après avoir payé une taxe illégale.
Tunisie – 2015
Un train de voyageurs et un camion se percutent à El Fahes, au sud-ouest de Tunis, le 16 juin 2015. L’accident cause la mort de 19 personnes et en blesse 89 autres. Le ministère des Transports, après avoir évoqué la vitesse des véhicules dans un premier temps, ademt que le passage à niveau n’était pas suffisamment bien signalé, un problème récurrent en Tunisie.
Les deux conducteurs étaient en outre en excès de vitesse, selon les autorités. Un train avait déjà déraillé dans un virage dans le nord-ouest du pays en juillet 2014, tuant cinq personnes et en blessant une quarantaine d’autres.
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