Présidentielle tunisienne : soulagement général à la fin de la campagne
Le 21 décembre, les Tunisiens décideront qui de Moncef Marzouki ou Béji Caïd Essebsi sera le premier président postrévolution légitimé par les urnes. Jusqu’au bout, les deux candidats n’ont pas lâché un pouce de terrain.
"Vivement dimanche, la campagne de l’entre deux tours a été pesante", jette Aymen, qui se dépêche de quitter le centre ville de Tunis avant que l’avenue Bourguiba ne soit bloquée par les festivités organisées par Nidaa Tounes et Moncef Marzouki pour clôturer leurs campagnes respectives. Une véritable marée humaine commence à entourer la scène où Nidaa Tounès, parti de Béji Caïd Essebsi, distille, à coups de discours et de chants, des sentiments patriotiques.
Une manière habile de renouer avec l’atmosphère festive mais engagée qui a prévalu au lendemain de la révolution de 2011. Suffisamment pour susciter un sentiment d’union et faire couler des larmes. "On en voit le bout ; dimanche, on en aura fini avec les doutes et l’aléatoire ; la confiance va revenir petit à petit", hurle Meriem dont la voix est couverte par les décibels de la sono. Le mot est lâché : c’est bien de confiance que le pays a besoin alors que la menace terroriste se fait plus précise sans toutefois peser sur la vie quotidienne comme la cherté de la vie.
Show pro-Marzouki sans Marzouki
Un peu plus loin, deux heures plus tard, le show organisé par les partisans de Moncef Marzouki, président sortant qui se présente comme indépendant et qui use de tous les moyens mis à sa disposition par la République pour faire campagne, semblait bien morne. Face à une scène sans ténors et en l’absence de Marzouki lui-même qui a annulé plusieurs rendez-vous médiatiques dans la journée, l’assistance clairsemée se demandait ce qu’elle faisait là tout en étant certaine de ne pas être bienvenue chez les autres.
Le seul événement qui mériterait d’être célébré est le silence électoral, ironise le chroniqueur Haythem El Mekki.
Plusieurs partis dont le Front Populaire et Ennahda ont hésité à se prononcer pour un candidat ou pour un autre. Ils ont finalement fait des choix par défaut ; dans les derniers jours le mot d’ordre était de barrer la route à Marzouki qui développait un discours d’exclusion ; certainement séduisant pour qui cherche à en découdre mais effrayant pour qui souhaite l’apaisement. "Le seul événement qui mériterait d’être célébré est le silence électoral", ironise le chroniqueur Haythem El Mekki.
C’est dire combien les Tunisiens sont éreintés et excédés par le pugilat verbal d’une campagne qu’ils estiment bien en dessous des enjeux. Mais peu réalisent que tout cela n’était même pas imaginable voilà quatre ans. Le moment est au soulagement, la campagne est finie mais pas tout à fait : impossible d’empêcher la campagne de se poursuivre sur les réseaux sociaux, avec le but de tenter de rallier des voix et surtout de dénigrer le clan adverse…
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