Sommet d’affaires Turquie-Afrique : Erdogan montre les muscles face à l’Occident
Critiquant « un nouveau modèle de colonisation » tiré par la mondialisation et venu de l’Occident, le président turc Recep Tayyip Erdogan a plaidé pour une résistance commune de la Turquie et de l’Afrique. Il entend pour ce faire ouvrir des ambassades turques dans toutes les capitales africaines, démultiplier les visites et les accords de coopération bilatérale. Reportage.
Ils avaient écouté patiemment le discours du président tchadien Idriss Déby Itno, également président de l’Union Africaine, co-organisateur de la rencontre. Et puis soudain, un millier de participants se sont levés d’un seul homme ce mercredi midi, pour accueillir à la tribune le président turc Recep Tayyip Erdogan venu ouvrir le forum d’affaires Turquie-Afrique qui se termine ce jeudi soir à Istanbul.
Avant de sacrifier au rituel de la photo de famille avec les officiels présents, c’est dans un auditorium placé sous très haute sécurité qu’il a souhaité associer le développement du continent africain au dynamisme économique retrouvé par la Turquie durant cette dernière décennie.
Dans la continuité du sommet de Malabo
Affirmant son ambition d’accéder d’ici 2023 au club des 10 premières puissances économiques mondiales (elle est actuellement la 18ème puissance), la Turquie a souhaité poursuivre durant ces deux jours son ouverture vers le continent engagée en 2014 lors du premier forum Turquie-Afrique de Malabo, en Guinée Equatoriale.
Le président turc a ainsi mis en avant les accords de coopération établis dans 40 pays, l’objectif d’ouvrir des ambassades dans chacun des pays africains, les accords de protection des investissements, de non-imposition mutuelle en rappelant le montant total des investissements – 3,5 milliards de dollars – réalisés l’année dernière par la Turquie. Le volume des échanges entre la Turquie et le continent est passé de 4 milliards de dollars en 2005 à plus de 20 milliards en 2015, a-t-il également été rappelé.
Nous autres Africains et Turcs incarnons la résistance à un nouveau modèle de colonisation
Dans une précédente intervention, le ministre de l’Économie turc Nihat Zeybekci avait quant à lui formulé le vœu de faire de 2017 une “année de libre échange” entre la Turquie et les pays africains. Le président Erdogan a aussi promis d’intensifier ses visites sur le continent alors qu’il s’est déjà rendu dans neuf pays africains depuis 2014.
Devant un parterre de délégations de ministres, d’entrepreneurs et d’investisseurs turcs et africains, il a ainsi défendu sur un ton plutôt martial sa vision du développement. “Notre monde est devenu un village, cela crée un gouffre dans tous les pays car la mondialisation est accompagnée de normalisation. Elle est mal interprétée par les Occidentaux qui la voient comme une normalisation qui ne tient pas compte des dynamiques régionales, que ce soit pour les droits de l’homme ou pour les hausses d’intérêts du Fonds Monétaire International. Je la conçois comme un nouveau modèle de colonisation, nous autres Africains et Turcs incarnons la résistance à ce modèle”, a-t-il poursuivi proposant des coopérations gagnant-gagnant génératrices d’emploi.
Ce soir, les participants se quitteront en se donnant rendez-vous pour une troisième édition, d’ores et déjà fixée à 2019.
L'éco du jour.
Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Économie & Entreprises
- La Côte d’Ivoire, plus gros importateur de vin d’Afrique et cible des producteurs ...
- Au Maroc, l’UM6P se voit déjà en MIT
- Aérien : pourquoi se déplacer en Afrique coûte-t-il si cher ?
- Côte d’Ivoire : pour booster ses réseaux de transports, Abidjan a un plan
- La stratégie de Teyliom pour redessiner Abidjan