Kenya : une manifestation anti-corruption réprimée à coup de canons à eau et de gaz lacrymogène

Une manifestation anti-corruption organisée dans le centre de Nairobi à la suite de publications sur de potentielles dépenses frauduleuses au sein du ministère de la Santé a été dispersée jeudi par la police à l’aide de gaz lacrymogène et de canons à eau.

Les manifestants portent un lit d’hôpital couvert de faux sang à Nairobi, jeudi 3 novembre, pour illustrer le fait que les Kényans « saignent » à cause de la corruption qui gangrène les services hospitaliers. © AP/SIPA

Les manifestants portent un lit d’hôpital couvert de faux sang à Nairobi, jeudi 3 novembre, pour illustrer le fait que les Kényans « saignent » à cause de la corruption qui gangrène les services hospitaliers. © AP/SIPA

Publié le 3 novembre 2016 Lecture : 2 minutes.

Quelque 300 personnes s’étaient dans un premier temps rassemblées devant un monument commémorant les combattants Mau Mau ayant lutté contre les colons britanniques en amont de l’indépendance. Nombre d’entre eux étaient vêtus de t-shirts rouges portant le texte « Agis maintenant contre la corruption ou démissionne », un message adressé au président kényan, Uhuru Kenyatta, qui avait déclaré un mois plus tôt avoir fait ce qu’il pouvait pour combattre la corruption endémique.

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Mais c’est la publication dans la presse d’un audit interne questionnant certaines dépenses réalisées au sein du ministère de la Santé qui a déclenché l’ire des Kényans, les poussant à descendre dans la rue. « Lorsqu’on s’attaque à la santé, on s’attaque au cœur de chaque citoyen », a assuré à l’AFP Bernard Baridi, un étudiant de 27 ans. « Des vies innocentes sont perdues chaque jour en raison d’un manque de médicaments ou d’infrastructures, et c’est quelque chose que nous ne pouvons tolérer ».

Un président impuissant

En octobre, lors d’un sommet anti-corruption à Nairobi, le président kényan avait déclaré se sentir « frustré » par la corruption. « J’ai fait ma part », avait-il affirmé, blâmant la police et la magistrature pour leur incapacité supposée à enrayer le phénomène. Cet aveu d’impuissance lui avait valu les moqueries de la presse et des réseaux sociaux, qui ont adopté le hashtag CryBabyPresident (le président pleurnichard, ndlr).

« Que veut-il dire par ‘Je ne peux rien faire’ ? », s’est exclamée ce jeudi auprès de l’AFP une manifestante de 30 ans. « Il peut virer des gens, il peut réclamer des comptes », a-t-elle dit.

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« Nous ne sommes pas contre lui », scandent certains

Brandissant des pancartes « Emprisonnez les corrompus » ou « Rendez l’argent », les manifestants ont été dispersés par la police juste avant de pouvoir débuter une marche à travers la capitale qui devait les emmener jusqu’au palais présidentiel.

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Pourtant, parmi les manifestants, nombreux étaient ceux qui disaient ne pas être là pour défier le président, mais pour le soutenir. « Nous lui avons donné un mandat et le pouvoir de combattre la corruption », a souligné Martin Kavaya, 39 ans. « Nous ne sommes pas contre lui, nous sommes là pour lui donner le pouvoir d’agir et de faire en sorte que ces gens soient poursuivis ».

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