Maroc : une semaine après la mort de Mouhcine Fikri, relatif retour au calme

Une marche est encore prévue ce vendredi dans la ville d’El Hoceima, pour demander la vérité sur la mort du vendeur de poisson. Mais on est loin de la mobilisation des premiers jours. Dans les autres villes du Maroc, le calme est revenu.

Dans les rues de Rabat, le 31 octobre 2016, suite à la mort de  Mouhcine Fikri. © Sebastian Castelier/SIPA

Dans les rues de Rabat, le 31 octobre 2016, suite à la mort de Mouhcine Fikri. © Sebastian Castelier/SIPA

ProfilAuteur_NadiaLamlili

Publié le 4 novembre 2016 Lecture : 3 minutes.

Une semaine après la mort de Mouhcine Fikri, un vendeur de poisson happé par une benne à ordures alors qu’il essayait de s’opposer à la destruction de sa marchandise par des agents dépositaires de l’autorité, la situation reste assez précaire dans la région d’El Hoceima.

Certes, la colère des premiers jours est tombée mais quelques rassemblements sporadiques ont été organisés, jeudi 3 novembre, dans plusieurs localités proches d’El Hoceima, notamment à Nador, Béni Bouâyache et Zayou. Ce vendredi 4 novembre, un collectif de jeunes, composés de militants associatifs et d’anciens membres du mouvement du 20 février (mouvement contestataire né en 2011 dans le sillage du printemps arabe, mais dissolu depuis), a appelé à un autre rassemblement à 17h, sur la place Mohammed VI de la ville.

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 » Une marche qui se déroulera sans heurts et dans un esprit citoyen comme les précédentes », affirme à Jeune Afrique Faissal Aoussar, membre de la section locale de l’Association marocaine des droits humains (AMDH).

« Les habitants d’El Hoceima sont toujours sous le choc. Ils ne comprennent pas qu’ils soient obligés de perdre un de leurs enfants dans des conditions aussi terribles pour que l’État prenne conscience de l’ampleur des injustices sociales dont ils souffrent », tonne le militant associatif. Pour que cela ne se reproduise plus, il évoque l’urgence de la mise en place d’un plan de développement intégré pour cette région qui réglera la question du chômage et mettra fin à la désorganisation du secteur de la pêche, principale ressource de la ville à côté des transferts de la diaspora.

Des protestations pacifiques

Dans les autres villes du royaume où la colère s’est propagée au lendemain du drame à l’instar de Casablanca, Rabat, Marrakech et Tanger, il n’y a pratiquement plus de manifestations. « Cela démontre que la société marocaine ne cherche pas l’anarchie contrairement à ce que véhiculent les autorités. Les Marocains sont sortis pour marquer leur indignation dans un climat civilisé. Preuve que la culture de la protestation pacifique est devenue un acquis dans notre pays », analyse un membre de la Jamâa Al Adl Wal Ihssane (Justice et bienfaisance, interdite mais tolérée) qui a appelé ses adhérents à rejoindre ces marches.

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La participation de la première formation islamiste du pays – alors que le PJD au pouvoir a appelé au boycott – a réveillé les peurs quant à une dégénérescence de la situation. Mais les choses semblent revenir à la normale, assurent les autorités marocaines, qui cherchent à apaiser les derniers foyers de tension à Al Hoceima, une région berbère historiquement frondeuse.

Elles ont promis une enquête impartiale qui dévoilera les circonstances de la mort de Mouhcine Fikri et punira les coupables. Onze personnes dont des fonctionnaires du ministère de la Pêche, des éboueurs de la société gestionnaire, Pizzorno, et des agents de l’autorité locale ont été arrêtées à El Hoceima et sont en cours d’audition par un juge d’instruction. L’enquête vise à déterminer comment une quantité aussi importante de poisson- 600 kg d’espadons- interdits de pêche en cette période de l’année a pu atterrir au port de la ville et transiter par la halle aux poissons sans contrôle aucun.

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Les résultats de l’enquête seront rendus publics

La principale question est celle de savoir qui a ordonné la mise en marche de la benne au moment des faits. Écartant toute implication des agents de police « qui n’auraient fait que leur travail de contrôle », le ministère de l’Intérieur se dirige vers la thèse d’un accident involontaire. Pour évacuer tout soupçon sur la transparence de son enquête, il a assuré que les procès verbaux pourraient être consultés par tout le monde, une fois l’instruction bouclée.

Le roi Mohammed VI, qui a suivi ces événements depuis la Tanzanie où il était en déplacement, est attendu ces jours-ci au Maroc pour prononcer son traditionnel discours du 6 novembre, commémorant la marche verte. Le lendemain, la Cop 22, événement qui a mobilisé tous les décideurs du Maroc, démarrera ses travaux à Marrakech.

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