Nigeria : Airtel et Econet enterrent la hache de guerre
Le groupe indien Bharti Airtel, le zimbabwéen Econet Wireless et le koweïtien Zain ont conclu une série d’accords mettant un terme à cinq ans de procédures judiciaires et arbitrales.
C’est la fin du conflit autour d’Airtel Networks Limited, la filiale nigériane du conglomérat indien Bharti Airtel, numéro 3 du marché local avec 33,68 millions de clients (22,8 %).
Le numéro 2 des télécoms en Afrique (80,6 millions d’abonnés et 4 milliards de dollars de revenus à travers 17 pays) a annoncé le jeudi 03 novembre un accord avec le koweïtien Zain, en vertu duquel ce dernier lui versera environ 129 millions de dollars « pour le règlement de toutes les créances d’Airtel, de certaines questions fiscales et des frais juridiques connexes ».
Cette somme vient indemniser Airtel pour les procédures ayant suivi le rachat en 2010 au groupe koweïtien Zain de ses filiales africaines pour un moment total de près de 10 milliards de dollars.
Actionnariat
Concrètement, les 129 millions de dollars versés par Zain à Airtel interviennent au titre du remboursement des frais de litige consécutifs à la réclamation du groupe Econet Wireless. Ce dernier fondé par le millionnaire zimbabwéen Strive Masiyiwa revendiquait 5 % d’Airtel Networks Limited. Il arguait que son droit de pré-emption en tant qu’actionnaire avait été violé.
Créée en décembre 2000, sous le nom d’Econet Wireless Nigeria, la filiale nigériane d’Econet Wireless a connu pas moins de quatre actionnaires majoritaires entre 2004 et 2010, passant entre les mains du sud-africain Vodacom (filiale du britannique Vodafone), de Vee Networks (un conglomérat d’investisseurs nigérians) et de Celtel du tycoon soudanais Mo Ibrahim. Econet Wireless Nigeria avait enfin été racheté en 2008 par Zain, qui a cédé deux ans plus tard l’essentiel de ses actifs africains à Airtel.
Econet Wireless a entamé plusieurs procédures judiciaires et en arbitrage contestant la cession d’Econet Wireless Nigeria à Celtel, en 2006, et les transactions qui l’ont suivie.
La validité de ce droit de pré-emption et de la participation d’Econet au capital d’Airtel Networks Limited a été vigoureusement contestée par Bharti Airtel. Pourtant, le statut d’Econet en tant qu’actionnaire d’Airtel Networks Limited a été reconnu par plusieurs juridictions nigérianes entre 2012 et 2014. De même, un tribunal arbitral a, en décembre 2011, reconnu que la cession à Celtel, en 2006, avait été réalisée en violation du pacte des actionnaires, lésant Econet dans ses droits. Le tribunal a toutefois refusé l’annulation de cette transaction, ce que réclamait Econet.
L’annonce de jeudi ne donne aucun détail sur la portée des accords négociés entre Bharti Airtel et Econet. Contacté, l’opérateur indien n’a pas répondu à nos requêtes. En réponse à nos questions, Econet Wireless a simplement indiqué que « tous les problèmes avec Bharti [Airtel] et Zain ont été résolus. Il n’y a donc plus de contestation sur notre participation et tous les différends ont donc été réglés ».
Les 129 millions de dollars sont bien en-dessous des sommes évoquées par la presse nigériane. En 2014, les quotidiens financiers de Lagos tablaient sur près de 3 milliards de dollars d’indemnités que devrait verser Airtel à Econet.
L'éco du jour.
Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Économie & Entreprises
- « Neuf des vingt pays qui présentent les taux de croissance les plus forts au mond...
- Doublé par la junte au Mali, Maroc Telecom restera-t-il dans le pays ?
- Chez Itoc au Sénégal, les enfants de Baba Diao revisitent la gouvernance du groupe
- Carburant en Afrique : pourquoi les exportateurs mondiaux jouent des coudes pour a...
- Sénégal : à quoi doit servir la nouvelle banque de la diaspora ?