RD Congo : la police fera observer l’interdiction de manifester à Kinshasa
La police congolaise a promis jeudi qu’elle ferait observer la mesure d’interdiction de manifestations politiques prise par les autorités, à 24 heures de la tenue à Kinshasa d’un meeting populaire de l’opposant historique en RDC, Étienne Tshisekedi.
« La police nationale tient à préciser que la journée du samedi 5 novembre 2016 reste une journée ordinaire, comme tant d’autres, où tout le monde vaquera librement à ses occupations, et qu’aucune perturbation de l’ordre public ne sera tolérée », selon un communiqué.
Des unités de police vont « intensifier leur présence dans tous les points chauds et sites stratégiques avec pour finalité (..) de faire observer l’interdiction de l’exercice de toute action à caractère politique non autorisée » par les autorités urbaines.
La manifestation maintenue
Interrogé par l’AFP, Jean-Marc Kabund, secrétaire général du parti historique d’opposition Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), a répondu que la mesure était « nulle et de nul effet ». « L’UDPS et le Rassemblement maintiennent le meeting du 5 novembre. »
« Nous avons informé l’autorité de la ville par un courrier conformément aux [prescriptions] de la Constitution, puis nous manifesterons sans nous faire prier », a-t-il ajouté. Avant de s’emporter : « C’est une violation flagrante de la Constitution, le pouvoir tente de museler l’opposition pour réussir son coup de force d’imposer M. Joseph Kabila après le 19 décembre. »
L’ONU demande la levée d’une interdiction « injustifiée »
Une position partagée par plusieurs ONG congolaises de défense des droits de l’homme, qui ont demandé aux autorités kinoises de lever cette mesure d’interdiction, la qualifiant d’ « anticonstitutionnelle ».
« Un groupe d’experts des droits de l’homme des Nations Unies a appelé jeudi 03 novembre les autorités de la République démocratique du Congo (RDC) à lever une interdiction « injustifiée » des manifestations dans la capitale », fait également savoir un communiqué publié par les Nations Unies jeudi 3 novembre.
« Dans une période électorale hautement contestée, les citoyens devraient avoir davantage d’espace pour exprimer leurs libertés fondamentales », ajoute les rapporteurs de l’ONU en RDC.
#RDC: @MainaKiai_UNSR+@ForstMichel+@davidakaye réclament la fin de l'interdiction «injustifiée» des #manifestations https://t.co/6H3Putdaaq pic.twitter.com/6n7q4ahUd5
— Nations Unies (ONU) (@ONU_fr) November 3, 2016
Interdiction justifiée par les violences de septembre
Le 25 octobre, Étienne Tshisekedi avait signé un communiqué annonçant la tenue d’un meeting populaire le samedi 5 novembre à Kinshasa. But de la manifestation : montrer à nouveau l’opposition de la coalition du Rassemblement à l’accord signé entre le pouvoir et une frange de l’opposition actant le report des élections à avril 2018. Mais aussi exiger le départ de Joseph Kabila du pouvoir à la fin de son mandat, c’est-à-dire le 20 décembre.
La décision des autorités d’interdire toute manifestation à caractère politique jusqu’à nouvel ordre avait été prise suite aux violences qui ont secoué Kinshasa les 19 et le 20 septembre et causé la mort d’au moins 53 personnes, selon l’ONU.
Ces violences meurtrières avaient éclaté en marge d’une manifestation du Rassemblement de l’opposition contre la prolongation du mandat de Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001.
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