« Honte à notre pays », « mafia », « démission maintenant » : Jacob Zuma progressivement lâché par son camp
La pression ne cesse de s’accroître sur le président sud-africain Jacob Zuma, poussé à la démission par les critiques. Lesquelles se multiplient y compris chez les caciques du Congrès national africain (ANC), son propre parti.
Jacob Zuma subit en effet les suites des différentes accusations de corruption à son encontre. Dernière polémique en date, la publication d’un rapport sur la corruption mettant en lumière l’étroite collusion du président sud-africain avec la richissime famille Gupta.
Cet énième scandale, après l’abus de biens publics pour sa résidence secondaire, a alimenté les titres de la presse sud-africaine. « Un président mort vivant », « Pire semaine pour Zuma depuis sa prise de fonction », « Fin de règne pour Zuma, abandonné à son sort » : les unes peu flatteuses se multipliaient en kiosque et sur internet.
Motion de censure
Sans compter les déclarations fracassantes de l’opposition : « Notre pays est gouverné par une mafia », a affirmé le principal parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA), annonçant le dépôt d’une motion de défiance à l’Assemblée le 10 novembre.
Celle-ci a peu de chance de l’emporter en l’état actuel. Le Parlement est en effet largement dominé par l’ANC, qui n’a pas encore lâché le président sud-africain. Mais le soutien des membres du parti s’effrite clairement, en particulier depuis la déroute historique du parti lors des élections municipales d’août.
« Le président fait honte à notre pays »
Certains caciques du parti ou de l’entourage de Nelson Mandela n’hésitent plus à appeler Zuma à la démission. « Avec cette corruption évidente, le président fait honte à notre pays », a reconnu avec amertume Cheryl Carolus, proche du premier président noir du pays.
L’ANC « doit cesser de placer les intérêts de Jacob Zuma devant ceux de l’Afrique du Sud », a insisté le groupe Save South Africa (Sauvons l’Afrique du Sud), qui rassemble des figures historiques de l’ANC, des responsables religieux et des dizaines de dirigeants d’entreprise. « Le président doit démissionner maintenant », conclut-il, estimant que ce dernier rapport sur la corruption était « le dernier clou apposé au cercueil de Zuma ».
Un « Zumxit » possible
Avec la publication du rapport, « la probabilité d’un « Zumxit » [départ de Zuma] s’est significativement accrue », estime également l’analyste Peter Attard Montalto, interrogé par l’AFP. Toutefois, « il ne faut pas sous-estimer à quel point l’ANC est basé sur le clientélisme (…) et la situation pourrait tout à fait rester inchangée ».
L’ANC, qui a appelé jeudi « tous ses membres » à faire preuve d’ une « intolérance irréprochable vis-à-vis de la corruption », doit choisir fin 2017 un nouveau leader chargé de briguer la présidence en 2019. Au-delà de son impopularité et des polémiques à répétition, Jacob Zuma, au pouvoir depuis 2009, ne peut pas se présenter à un troisième mandat.
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