Tunisie : le ministre des Affaires religieuses limogé après avoir lié wahhabisme saoudien et terrorisme
Le ministre tunisien des Affaires religieuses, Abdeljalil Ben Salem, a été limogé vendredi pour « atteinte aux fondements de la diplomatie tunisienne », au lendemain de propos faisant le lien entre le wahhabisme saoudien et le terrorisme.
« Le chef du gouvernement (Youssef Chahed) a relevé de ses fonctions le ministre des Affaires religieuses Abdeljalil Ben Salem », a indiqué la présidence du gouvernement dans un communiqué publié vendredi 4 novembre. Selon la même source, ses déclarations « ont porté atteinte aux fondamentaux et aux principes de la diplomatie tunisienne ».
Discours polémique
Abdeljalil Ben Salem avait affirmé jeudi, lors d’une audition au Parlement, avoir « osé » interpeller l’ambassadeur d’Arabie saoudite à Tunis, ainsi que le secrétaire général des ministres de l’Intérieur arabes – un Saoudien -, sur l’influence néfaste du wahhabisme saoudien en tant que « vecteur du terrorisme ».
Dans la soirée, il avait tenté d’éteindre le début de polémique en affirmant, dans un communiqué, que la relation avec Riyad était « pleinement harmonieuse (…), au service de notre religion ». « Sa solidité est telle que rien ne peut la troubler », avait-il ajouté. Nul ne peut mettre en cause les relations « solides » et « profondes » établies entre les deux pays, rappelait le communiqué.
« J’ai dit aux Saoudiens (…), avec audace: ‘Réformez votre école car le terrorisme historiquement vient de là. Je vous dis cela avec amour et modestie », avait déclaré le ministre, selon un enregistrement diffusé par la radio privée Mosaïque FM. « Ce qu’on voit dans le monde islamique comme extrémisme et terrorisme provient de cette école (wahhabite), que ce soit de bonne ou de mauvaise foi (…). Ce genre de pensée, et cette école, ne peuvent qu’engendrer de l’extrémisme », avait-il ajouté.
Intérim du ministre de la Justice
Entré en fonctions fin août au sein du nouveau gouvernement d’union de Youssef Chahed, le ministre des Affaires religieuses répondait à un député du Front populaire (gauche, opposition) sur sa volonté de « combattre la propagande wahhabite en Tunisie ».
Le ministre de la Justice, Ghazi Jeribi, s’est vu confier l’intérim du département des Affaires religieuses, a annoncé le gouvernement, en attendant son remplacement.
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