Les pays du « G5 du Sahel » appellent l’ONU à intervenir en Libye
Les dirigeants des cinq pays du « G5 du Sahel » (Tchad, Niger, Burkina Faso, Mali, Mauritanie), réunis vendredi en sommet à Nouakchott, ont appelé l’ONU à mettre en place une force internationale « pour neutraliser les groupes armés » en Libye.
La situation libyenne avait déjà été au coeur du Forum international sur la paix et la sécurité en Afrique, organisé les 15 et 16 décembre à Dakar. Réunis trois jours plus tard à Nouakchott, en Mauritanie, les présidents des cinq pays du "G5 du Sahel" – Tchad, Niger, Burkina Faso, Mali, Mauritanie – ont à nouveau insisté, vendredi 19 décembre, sur ce dossier brûlant. Dans leur communiqué final, ils ont officiellement demandé à l’Organisation des nations unies (ONU) la mise en place d’une force internationale "pour neutraliser les groupes armés" présents en Libye.
Selon ce communiqué, ces pays "saluent les efforts déployés par les pays voisins de la Libye et l’ONU en vue de réunir les conditions d’un dialogue entre toutes les parties libyennes à l’exception des groupes terroristes reconnus comme tels". "Néanmoins, le G5 Sahel lance un appel au Conseil de sécurité des Nations unies pour la mise en place, en accord avec l’Union africaine (UA), d’une force internationale pour neutraliser les groupes armés, aider à la réconciliation nationale et mettre en place des institutions démocratiques stables en Libye", ajoute le texte.
Chaos libyen
Lors d’une conférence de presse à l’issue du sommet, le chef de l’État mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, également président en exercice de l’UA, a assuré que le "G5 du Sahel" avait officiellement saisi l’UA et l’ONU de la question, sans préciser la forme de la requête ni indiquer à quelle date elle a été formulée. "En tout cas, nous, au niveau du G5 Sahel, nous avons officiellement demandé au Conseil de sécurité et à l’UA d’envisager une intervention internationale en Libye pour rétablir l’ordre dans ce pays", a déclaré le président mauritanien. "Tous les contacts que nous avons pu avoir avec les responsables libyens sont de cet avis", a-t-il assuré, sans préciser l’identité de ces interlocuteurs.
La Libye est plongée dans le chaos depuis la chute du colonel Mouammar Kadhafi au terme de huit mois de conflit en 2011. Livré aux milices, le pays est dirigé par deux Parlements et deux gouvernements – l’un proche des milices islamistes et l’autre reconnu par la communauté internationale – qui se disputent le pouvoir. Ces derniers jours, plusieurs dirigeants africains réunis en forum à Dakar lundi et mardi, puis jeudi à Nouakchott lors d’un sommet distinct, ont souligné la menace que constituent pour les pays sahélo-sahariens le jihadisme et les trafics transfrontaliers en tous genres en provenance du sud de la Libye, aux confins de l’Algérie, du Niger et du Tchad.
"Il faut s’occuper de la Libye"
Une partie des jihadistes refoulés du Mali, dont l’Algérien Mokhtar Belmokhtar et le Malien Iyad Ag Ghali, se sont retranchés dans cette région, par où transitent les trafics d’armes prélevées sur les gigantesques stocks du colonel Kadhafi. "Aucune armée africaine ne peut aller détruire en Libye le terrorisme (…) Il n’y a que l’Otan qui en a les moyens", avait soutenu à Dakar le président tchadien Idriss Deby Itno. "Si on veut résoudre le problème du Sahel, il faut s’occuper de la Libye. Nous pourrons les accompagner", a insisté le président Deby, dont le pays, puissance régionale, est militairement présent au Mali contre les jihadistes depuis 2013.
(Avec AFP)
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