Faire la guerre, faire la fête

On a récemment lu dans la presse cette information ébouriffante : « Deux imams marocains arrêtés à Ibiza pour propagande en faveur de Daesh. »

Playa d’en Bossa, Ibiza. © Lutmans/ flickr creative commons

Playa d’en Bossa, Ibiza. © Lutmans/ flickr creative commons

Fouad Laroui © DR

Publié le 12 novembre 2016 Lecture : 2 minutes.

Vous ne me croyez pas ? Googlisez, amis, googlisez.

Donc, deux imams arrêtés à Ibiza…

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Excusez mon ignorance, mais je croyais qu’Ibiza était un de ces lieux de perdition où la jet-set s’encanaille, boit sans soif, danse jusqu’à pas d’heure, et où le stupre et la fornication se pratiquent sans désemparer ? J’ai rencontré un jour, à Paris, un fêtard qui se souvenait d’être arrivé à Ibiza et d’en être reparti une semaine plus tard, mais qui n’avait aucune idée de ce qu’il avait fait entre-temps. Tout s’était noyé dans les brumes de l’alcool, les volutes de la fumette et d’autres choses, encore plus inavouables. Voilà qui donne une idée de ce que c’est, ce confetti catalan perdu dans la mer.

Que diable (c’est le cas de le dire), que diable faisaient deux imams, fussent-ils marocains, sur une telle île ?

Leur business plan doit être le plus mauvais jamais élaboré dans l’histoire du marketing : « Où trouve-t-on les pires païens de la planète, coco ? À Ibiza. C’est donc là qu’il faut aller recruter des jihadistes ! » Enfoncés, ceux qui ont un jour voulu vendre du sable aux Sahraouis, de la neige aux Esquimaux, de la poésie à la Mafia.

Même l’athée le plus farouche ne collerait pas des pubs pour le saucisson Cochonou sur le Mur des lamentations

Les deux zigotos sont jeunes : 31 ans l’un, 35 l’autre. C’est peut-être ce qui explique le côté farfelu de leur entreprise. Peut-être ont-ils cru qu’« Ibiza » était un nom arabe, genre « Fallouja » ou « Bassora », et y ont-ils débarqué persuadés d’être quelque part entre le Tigre et l’Euphrate ?

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Quoi qu’il en soit, on ne peut se défaire de l’idée que ces pieds nickelés barbus ont fait intrusion dans une partie du monde où ils n’auraient pas dû se trouver. Chacun son turf, que diable ! Après tout, personne – même pas Donald Trump – n’aurait l’idée saugrenue de monter un casino à La Mecque. Le pire laïcard n’irait pas jusqu’à ouvrir un bar à strip-tease à Lourdes, à côté de la grotte où la Sainte Vierge apparut (vêtue) à Bernadette Soubirous. Même l’athée le plus farouche ne collerait pas des pubs pour le saucisson Cochonou sur le Mur des lamentations. Alors que faisaient ces deux imams à Ibiza ?

Tout cela nous amène à assigner une tâche urgente au nouveau secrétaire général de l’ONU : diviser le monde entre deux domaines bien distincts, celui où l’on a le droit d’invoquer les dieux pour se faire la guerre et celui où l’on fait la fête sans embêter personne. Et s’il ne reste, à l’issue des négociations, que quelques kilomètres carrés pour ce dernier domaine, eh bien, que ce soit Ibiza !

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