Côte d’Ivoire : le procès de Simone Gbagbo (encore) suspendu faute de témoins
Le procès de Simone Gbagbo, l’ex-première dame de Côte d’Ivoire, jugée pour crimes contre l’humanité, a été de nouveau suspendu ce lundi. Comme la semaine dernière, aucun des témoins que la défense a demandé à entendre ne s’est présenté.
Et rebelote. Ce lundi 07 novembre, à la reprise de l’audience, aucun des dix témoins de la défense cités n’étaient présents. C’était déjà le cas la semaine dernière. Cette fois encore, le juge Boiqui Kouadjo a suspendu l’audience. Et cette fois encore, les avocats de Simone Gbagbo ont protesté contre la non-comparution des témoins.
« Nous n’allons pas aller dans un procès où les acteurs des faits n’ont pas été entendus. Pour nous, c’est fondamental. Si les acteurs des faits ne viennent pas, nous n’allons pas continuer le procès », a assuré Me Ange Rodrigue Dadje, l’un des avocats de l’ex-première dame.
Manœuvres dilatoires
Parmi les personnalités que la défense demande à entendre : l’actuel président de l’Assemblée nationale et ancien chef de la rébellion, Guillaume Soro ; l’ancien Premier ministre, Jeannot Kouadio Ahoussou ; l’ex-ministre, Charles Koffi Diby ; l’ex-patron de l’armée, le général Philippe Mangou, ainsi que le directeur général de la police, Brindou M’Bia.
Pour le procureur général Aly Yéo, la défense effectue des manœuvres dilatoires en demandant la comparution peu probable de ces personnalités. « Les victimes ne sauraient accepter de tels agissements car il revient à la défense de faire venir ses témoins », a réagi de son côté, Issiaka Diaby, président du Collectif des victimes de Côte d’Ivoire.
Pour lui, « la défense a passé son temps à faire croire que le dossier était vide, maintenant elle se rend compte de la réalité et court pour essayer de colmater les brèches, c’est peine perdue, la loi sera dite ». Mais quand ?
Complicité
La Cour d’assises d’Abidjan juge Simone Gbagbo depuis le 31 mai. Elle est citée pour son implication présumée dans des tirs d’obus sur le marché d’Abobo, un quartier favorable à Alassane Ouattara – le rival de son mari à la présidentielle de novembre 2010 -.
On soupçonne aussi son implication dans la sanglante répression des femmes d’Abobo et sa participation à une cellule de crise qui planifiait et organisait des attaques menées par des milices et des membres des forces armées proches du régime.
Ces crimes auraient été commis lors de la crise post-électorale de 2010-2011, qui a fait plus de 3 000 morts en cinq mois dans le pays. Simone Gbagbo comparaît alors qu’elle purge déjà une première peine de 20 ans de prison pour atteinte à la sûreté de l’État, prononcée en 2015.
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