ONU : les Palestiniens mobilisent le Conseil de sécurité au sujet de l’occupation israélienne
Un projet de résolution réclamant la fin de l’occupation israélienne, proposé par l’Autorité palestinienne, doit être soumis mercredi à l’examen du Conseil de sécurité de l’ONU. Mais les États-Unis ont laissé entendre qu’ils s’y opposeront.
"Nous envoyons [le 17 décembre] notre projet au Conseil de sécurité de l’ONU", a confirmé mardi à Ramallah (Cisjordanie) Nimr Hammad, conseiller du président palestinien Mahmoud Abbas. "Nous en avons assez" des discussions bilatérales avec Israël, a renchéri Mohammad Chtayyeh, autre proche d’Abbas.
Il s’agit d’un projet de résolution qui réclame la fin de l’occupation israélienne sur les territoires palestiniens. Une rencontre est même prévue ce mercredi entre la délégation palestinienne auprès de l’ONU et les pays arabes membres de l’organisation "pour demander leur soutien avant d’aller de l’avant".
Car il faudra quelques jours avant un éventuel vote, afin que le texte soit traduit et que les ambassadeurs du Conseil de sécurité consultent leurs capitales pour savoir s’ils choisissent le veto (apanage des cinq membres permanents), le oui, ou l’abstention pour se tirer d’embarras.
"Les Palestiniens font monter la pression"
En attendant, "les Palestiniens font monter la pression", analyse un diplomate européen. On ne sait d’ailleurs pas précisément, souligne-t-il, en quoi le texte palestinien diffère de celui distribué en novembre par la Jordanie, seul membre arabe du Conseil, et qui fixe à novembre 2016 la fin de l’occupation israélienne.
>> Lire aussi : Comment la France a (presque) dit oui à l’État palestinien
Le projet palestinien incorpore désormais des "modifications" suggérées par la France, a indiqué Nimr Hammad, sans en donner les détails. Paris a préconisé d’inclure dans une résolution un délai de deux ans pour boucler de nouvelles négociations directes israélo-palestiniennes.
Un veto américain est quasi-certain, Washington martelant qu’un accord de paix ne peut résulter que de négociations directes, et non d’une initiative unilatérale à l’ONU. Mais les Palestiniens semblent d’autant plus impatients d’en découdre que la tournée diplomatique du secrétaire d’État américain John Kerry n’a débouché sur aucune ouverture.
En pleine campagne pour les élections israéliennes du 17 mars, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a rejeté tout ultimatum et a accusé les Européens d’avoir pris fait et cause pour les Palestiniens.
Offensive diplomatique
Les Européens, France en tête, travaillent depuis des semaines à un texte de compromis, susceptible de calmer les Palestiniens mais acceptable aussi pour Washington et son allié israélien. Autant dire la quadrature du cercle, ce qui explique que ces négociations piétinent.
Pris en tenailles entre l’intransigeance israélienne d’un côté et de l’autre l’activisme européen et la frustration palestinienne, les États-Unis temporisent. John Kerry a jugé mardi à Londres qu’il était "impératif de faire retomber la température".
Riyad Mansour a confirmé la volonté des Palestiniens de rejoindre "au moment opportun" la CPI, afin d’y mettre Israël en accusation pour crimes de guerre à Gaza.
Certains diplomates à l’ONU évoquent la possibilité que les Américains mettent sur la table leur propre texte. Celui-ci serait anodin mais permettrait au Conseil de s’exprimer sur ce dossier, pour la première fois depuis 2009. Même si ces tractations échouent, "la question palestinienne ne va pas disparaître d’elle-même", souligne l’ambassadeur palestinien à l’ONU Riyad Mansour. Il prévoit que les Palestiniens passeront alors à "une nouvelle phase" de leur offensive diplomatique.
S’exprimant pour la première fois lundi devant l’assemblée des États membres de la Cour pénale internationale (CPI), Riyad Mansour a confirmé la volonté des Palestiniens de rejoindre "au moment opportun" la CPI, afin d’y mettre Israël en accusation pour crimes de guerre à Gaza.
Les Palestiniens ont aussi en réserve d’autres initiatives. Par exemple, demander au Conseil de soutenir la candidature de la Palestine, actuellement État observateur non membre, comme État membre à part entière des Nations unies. Cette démarche, qui se heurterait sans nul doute à un veto américain, vise à profiter du soutien croissant des parlements européens à la reconnaissance d’un État palestinien.
L’autre projet est de faire adopter par l’Assemblée générale une résolution non contraignante dénonçant la colonisation israélienne en Cisjordanie. Cette mesure symbolique pourrait recueillir un large soutien : il n’y a pas de veto à l’Assemblée.
(Avec AFP)
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